Les avantures de Finette (Cabinet des fées T2, 1731)
Notice précédente Notice n°6 sur 8 Notice suivante
Analyse
« Finette, qui se souvenait toujours de la maxime que la fĂ©e lui avait renouvelĂ©e dans lâesprit, avait son dessein en tĂȘte. Cette princesse avait gagnĂ© une de ses femmes, qui avait la clef de lâappartement quâon lui destinait, et elle avait donnĂ© ordre Ă cette femme de porter dans ce cabinet de la paille, une vessie, du sang de mouton, et les boyaux de quelques-uns des animaux quâon avait mangĂ©s au souper. La princesse passa dans ce cabinet sous quelque prĂ©texte, et composa une figure de paille dans laquelle elle mit les boyaux et la vessie pleine de sang ; ensuite elle ajusta cette figure en dĂ©shabillĂ© de femme et en bonnet de nuit. Lorsque Finette eut achevĂ© cette belle marionnette, elle alla rejoindre la compagnie, et peu de temps aprĂšs, on conduisit la princesse et son Ă©poux dans leur appartement. Quand on eut donnĂ© Ă la toilette le temps quâil lui fallait donner, la dame dâhonneur emporta les flambeaux et se retira. AussitĂŽt Finette jeta la femme de paille dans le lit, et se cacha dans un coin de la chambre. Le prince, aprĂšs avoir soupirĂ© deux ou trois fois fort haut, prit son Ă©pĂ©e et la passa au travers du corps de la prĂ©tendue Finette. Au mĂȘme moment, il sentit le sang ruisseler de tous cĂŽtĂ©s, et trouva la femme de paille sans mouvement. «Quâai-je fait! sâĂ©cria Bel-Ă -Voir. Quoi ! aprĂšs tant de cruelles agitations ! Quoi ! aprĂšs avoir tant balancĂ© si je garderais mes serments aux dĂ©pens dâun crime, jâai ĂŽtĂ© la vie Ă une charmante princesse que jâĂ©tais nĂ© pour aimer! Ses charmes mâont ravi dĂšs le moment que je lâai vue: cependant je nâai pas eu la force de mâaffranchir dâun serment quâun frĂšre possĂ©dĂ© de fureur avait exigĂ© de moi par une indigne surprise ! Ah Ciel ! Peut-on songer Ă vouloir punir une femme dâavoir trop de vertu? Eh bien ! Riche-CautĂšle, jâai satisfait ton injuste vengeance; mais je vais venger Finette Ă son tour par ma mort. Oui, belle Princesse, il faut que de la mĂȘme Ă©pĂ©e ... » Ă ces mots, Finette entendit que le prince qui, dans son transport, avait laissĂ© tomber son Ă©pĂ©e, la cherchait pour se la passer au travers du corps; elle ne voulut pas quâil fĂźt une telle sottise ; ainsi elle lui cria : âPrince, je ne suis point morte. Votre bon cĆur mâa fait deviner votre repentir, et par une tromperie innocente, je vous ai Ă©pargnĂ© un crime.â »
Informations techniques
Notice #010025