14 chanoines d’Orléans brûlés pour hérésie en 1022 (Luyken, Théâtre des Martyrs)
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Analyse
Le jour de Noël 1022, une douzaine de chanoines du chapitre cathédral d’Orléans furent accusés d’hérésie dans leur enseignement par un chevalier normand venu de Chartres, Arefat. Le roi de France Robert le Pieux ordonna leur arrestation et convoqua un synode composé exclusivement d’évêques pour juger ces membres de l’élite cléricale orléanaise, au nombre desquels se trouvaient le chantre de Sainte-Croix, Lisoie, et le confesseur de la reine Constance, Étienne. Les participants au synode convoqué par Robert le Pieux sont connus par un précepte royal daté du même jour. Outre l’évêque d’Orléans Oury, étaient présents Gauzlin, abbé de Fleury et archevêque de Bourges, Francon, évêque de Paris et chancelier du roi, Guérin, évêque de Beauvais, ainsi que Liéry, l’archevêque de Sens, supérieur immédiat de l’évêque d’Orléans en tant que métropolitain.
Les débats au sein du synode durèrent une journée, tandis qu’à l’extérieur la foule réclamait la mort des accusés. Après avoir défendu l’orthodoxie de leur comportement (« ils glissaient entre les doigts comme des anguilles et on ne pouvait appréhender leur hérésie » souligne Arefat via Paul de Chartres), les accusés finirent par admettre les faits qui leur étaient reprochés et même à les revendiquer hautement ; le 28 décembre 1022, ils furent conduits hors de la ville et enfermés dans une cabane de bois qu’on incendia. Les hérétiques, pris dans un élan mystique, auraient vécu cette fin comme un martyre libérateur.
C’était la première fois que la chrétienté médiévale recourait au bûcher pour punir des hérétiques, sans doute en contradiction avec la législation canonique, qui ne prévoit pas avant le XIIIe siècle la peine de mort comme punition de l’hérésie.
Voir Robert-Henri Bautier (dir.), « L’hérésie d’Orléans et le mouvement intellectuel au début du XIe siècle. Documents et hypothèses », dans Actes du 95e congrès national des sociétés savantes. Reims 1970. Section philologie et histoire jusqu’à 1610. Tome I : Enseignement et vie intellectuelle, Paris, 1975, p. 63-88.
1. Signé sous la gravure à droite : « ian. Luyken invenit. et fecit. »
2. Livre I, p. 270.
Informations techniques
Notice #010387