La flagellation de saint André - Deshays
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Analyse
Livret du Salon de 1761Â :
« Par M. Deshays, Adjoint à Professeur.
29. Saint AndrĂ© amenĂ© par des Bourreaux pour ĂȘtre attachĂ© sur un chevalet & y ĂȘtre fouettĂ©. Tableau de quatorze pieds de haut sur six de large. »
ĂgĂ©e, proconsul dâAchaĂŻe, siĂ©geant en tribunal, fait fouetter AndrĂ© qui nâa pas voulu sacrifier aux idoles.
Commentaire de Diderot :
« Son Saint AndrĂ© a un genou sur le chevalet, il y monte ; un bourreau lâembrasse par le corps, et le traĂźne dâune main par sa draperie et de lâautre par les cuisses ; un autre le frappe dâun fouet ; un troisiĂšme lie et prĂ©pare un faisceau de verges. Des soldats Ă©cartent la foule. Une mĂšre, plus voisine de la scĂšne que les autres, garantit son enfant avec inquiĂ©tude. Il faut voir lâeffroi et la curiositĂ© de lâenfant. Le saint a les bras Ă©levĂ©s, la tĂȘte renversĂ©e, et les regards tournĂ©s vers le ciel ; une barbe touffue couvre son menton. La constance, la foi, lâespĂ©rance et la douleur sont fondues sur son visage, qui est dâun caractĂšre simple, fort, rustique et pathĂ©tique ; on souffre beaucoup Ă le voir. Une grosse draperie jetĂ©e sur le haut de sa tĂȘte retombe sur ses Ă©paules. Toute la partie supĂ©rieure de son corps est nue par-devant : ce sont bien les chairs, les rides, les muscles raides et secs, toutes les traces de la vieillesse. Il est impossible de regarder longtemps sans terreur cette scĂšne dâinhumanitĂ© et de fureur. Toutes les figures sont grandes, la couleur vraie ; la scĂšne se passe sous la tribune du prĂ©teur et de ses assistants. A droite de celui qui regarde, le prĂ©teur dans sa tribune avec ses assistants ; au-dessous, un bourreau et le chevalet ; vers le milieu, de lâautre cĂŽtĂ© du chevalet, le saint debout, appuyĂ© dâun genou sur le chevalet ; derriĂšre le saint, un bourreau qui le frappe de verges ; aux pieds de celui-ci, un autre bourreau qui lie un faisceau de verges ; derriĂšre ces deux licteurs, un soldat qui repousse la foule ; voilĂ la machine. Il faut voir aprĂšs cela les dĂ©tails, les tĂȘtes de ces satellites, leurs actions, le caractĂšre du prĂ©teur et de ses assistants ; toute la figure du saint, tout le mouvement de la scĂšne. Ma foi, ou il faut brĂ»ler tout ce que les plus grands peintres de temples ont fait de mieux, ou compter Deshays parmi eux. » (Salon de 1761, CFL V 70)
2. CommandĂ© en 1753 pour lâĂ©glise Saint-AndrĂ© de la Porte aux FĂšves Ă Rouen. Saisie rĂ©volutionnaire ; acquis par la commune de Rouen en 1792.
3. Gravé en 1761 par Philippe Parizeau ; esquisse au Bayerishes National Museum de Munich ; dessin par Gabriel de Saint-Aubin en marge de son exemplaire du livret du Salon de 1761.
Le musĂ©e de Rouen contient trois grandes toiles en provenance de lâĂ©glise Saint-AndrĂ© de la Porte-aux-FĂšves, Ă Rouen : Saint AndrĂ© conduit au supplice, le Martyre de saint AndrĂ© et Saint AndrĂ© mis au tombeau.
Informations techniques
Notice #001123