La mĂšre qui surprend sa fille sur une botte de paille - Baudouin
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Analyse
Les Soins tardifs, dits aussi La mĂšre qui surprend sa fille sur une botte de paille.
Livret du Salon de 1767Â :
« Par M. Baudouin, Académicien.
73. [Le Coucher de la Mariée.
74. Le sentiment de lâAmour & de la Nature, cĂ©dant pour un temps Ă la nĂ©cessitĂ©.
Tableaux peints Ă gouasse.
75. Huit petits Tableaux en miniature, représentant une suite de la Vie de la sainte Vierge.
76. Le premier Feuillet du Volume des EpĂźtres & Evangiles, commandĂ© par le Service de la Chapelle du Roi, par M. de Fontanieu, Conseiller dâEtat, Intendant gĂ©nĂ©ral des meubles de la Couronne.
77. Plusieurs Portraits & autres Sujets peints Ă gouasse & en miniature, sous le mĂȘme numĂ©ro. »
Dit aussi La ChaumiĂšre. Diderot, Salon de 1767, DPVÂ XVIÂ 295.
Le titre primitivement donné par Diderot est plus suggestif : La mÚre qui surprend sa fille sur une botte de paille. Voir DPV XVI 294 et note 502.
« Je regarde et tout cela ne me paraĂźt que de beaux Ă©crans. â MĂȘme la ChaumiĂšre et la MĂšre qui surprend sa fille sur une botte de paille ? â Jâen excepte celui-lĂ . Il est Ă gouache, mais les tons en sont si lumineux, quâon le croirait Ă lâhuile. Je suis juste, comme vous voyez. Je ne demande pas mieux que dâavoir Ă louer, surtout Baudouin, bon garçon que jâaime et Ă qui je souhaite de la fortune et du succĂšs. Sa ChaumiĂšre est encore mieux peinte et dâun meilleur effet que sa CrĂšche. Peu sâen faut que ce ne soit une excellente chose ; car câen est une trĂšs bonne.
4. La ChaumiĂšre
A droite, grande porte de grange. Au-dessus, poutres, chevrons, espĂšce de fabrique oĂč voltigent des pigeons. Au bas, escalier dâoĂč lâon descend dans la chaumiĂšre. Autour de cet escalier, sur le devant, une chĂšvre et des ustensiles de mĂ©nage champĂȘtre. Au centre de la toile et du tableau, une vieille, le dos courbĂ©, le visage allumĂ© de colĂšre, les poings sur les cĂŽtĂ©s, gourmandant sa fille Ă©tendue sur une botte de paille quâelle partage avec un jeune paysan. Pauvre lit ! mais que je troquerais bien pour le mien ; car la fille est jolie. Elle nây gagnerait pas. Son ajustement nâa pas le sens commun ; son Ă©lĂ©gance jure avec le lieu et la condition des personnages. Les bottes de paille, ce rustique théùtre du plaisir, est au pied des murs de quelques Ă©tables dont la couverture descend en pente, du fond, vers le devant. Tout Ă fait Ă gauche, espĂšce de retraite ou dâenfoncement oĂč lâon a placĂ© des outils de laboureur.
Je reviens sur mon premier jugement. Tout ceci, bien peint, mais trĂšs bien peint, nâest quâun amas de contradiction. Point de vĂ©ritĂ©. Point de vrai goĂ»t. Je suis rĂ©voltĂ© de la bassesse de cette vieille, de ces bottes de paille, de cette Ă©curie, et de cette Ă©lĂ©gante et de cet Ă©lĂ©gant qui la caresse. Câest du Fontenelle brouillĂ© avec du ThĂ©ocrite. Câest la composition dâune tĂȘte faible, Ă©troite et dĂ©rĂ©glĂ©e. Baudouin transportera la fausse gentillesse de son beau-pĂšre dont il est Ă©pris, les grĂąces de Boucher, dans une grange, dans une cave, dans une prison, dans un cachot. Il fourrera partout la petite maison et le boudoir. Il nâentend rien Ă la convenance. Il ne sait pas quâil faut que tout tienne. Il ignore ce que les autres savent sans lâavoir appris et pratiquent de jugement naturel et dâinstinct. Ce tact lui manque, et jâen suis fĂąchĂ©. » (Salon de 1767, CFL VII 231-2)
Informations techniques
Notice #011752