Le Bénédicité (version de Rotterdam) - Chardin
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Analyse
Livret du Salon de 1761 :
Par M. Chardin, Conseiller & Trésorier de l’Académie.
42. Le Bénédicité. Répétition du Tableau qui est au Cabinet du Roi, mais avec des changemens. Il appartient à M. Fortier, Notaire.
Commentaire de Diderot :
On a de Chardin un Bénédicité, des Animaux, des Vanneaux, quelques autres morceaux. C’est toujours une imitation très fidèle de la nature, avec le faire qui est propre à cet artiste ; un faire rude et comme heurté ; une nature basse, commune et domestique. Il y a longtemps que ce peintre ne finit plus rien ; il ne se donne plus la peine de faire des pieds et des mains. Il travaille comme un homme du monde qui a du talent, de la facilité, et qui se contente d’esquisser sa pensée en quatre coups de pinceau. Il s’est mis à la tête des peintres négligés, après avoir fait un grand nombre de morceaux qui lui ont mérité une place distinguée parmi les artistes de la première classe. Chardin est homme d’esprit, et personne peut-être ne parle mieux que lui de la peinture. Son tableau de réception, qui est à l’Académie, prouve qu’il a entendu la magie des couleurs. Il a répandu cette magie dans quelques autres compositions, où se trouvant jointe au dessin, à l’invention et à une extrême vérité, tant de qualités réunies en font dès à présent des morceaux d’un grand prix. Chardin a de l’originalité dans son genre. Cette originalité passe de sa peinture dans la gravure. Quand on a vu un de ses tableaux, on ne s’y trompe plus ; on le reconnaît partout. Voyez sa Gouvernante avec ses enfants, et vous aurez vu son Bénédicité. (Salon de 1761, CFL V 76)
La mère met la table, les deux enfants joignent déjà les mains pour dire la prière avant le repas. A gauche (c’est l’originalité de cette version du tableau), un domestique apporte un grand plat et regarde au-dehors par la porte à demi ouverte.
2. Cette peinture est très proche de celle présentée par Chardin au Salon de 1761 et dont un petit dessin de G. de Saint-Aubin nous garde la trace dans la marge du livret du Salon (Cat Chardin 1979, p. 268). Copie contemporaine selon P. Rosenberg, qui doute de l’authenticité d’une toile où l’on ne retrouve pas le faire du maître. Selon d’autres, il s’agirait de l’original, qui aurait souffert de restaurations agressives durant son séjour dans les collections privées.
Informations techniques
Notice #001180