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Recherche infructueuse

Dessin de la mort de Pélopidas - Augustin Pajou

Série de l'image :

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Date :
1766
Nature de l'image :
Dessin Ă  la plume
Encre brune, lavis gris & brun sur traits Ă  la pierre noire
Lieu de conservation :

Analyse

Livret du Salon de 1767 :

« Par M. Pajou, Professeur.
193. […]
203. Un Dessin de la mort de PĂ©lopidas, GĂ©nĂ©ral des ThĂ©bains. Après avoir remportĂ© la Victoire, il fut tuĂ© & portĂ© dans sa tente par ses Soldats, qui eurent tant de regret de sa perte, qu’ils voulaient se laisser mourir de faim. Â»

Commentaire de Diderot :

« 203. Dessin de la mort de Pélopidas
Du mĂŞme
On le voit expirant dans sa tente. Sur le fond, au bord de son lit, des soldats affligés, les regards attachés sur lui, tiennent sa couverture levée. A droite, à son chevet, c’est un groupe de soldats debout. Ils sont consternés. Sur le devant, vers la gauche, assis à terre, un autre soldat, la tête penchée sur ses mains. Tout à fait à gauche, sur le devant, un troisième qui tient la cuirasse du général et qui la présente à ses camarades qui forment un groupe derrière lui.
Cela peut ĂŞtre d’un grand effet gĂ©nĂ©ral pour le technique. Je vois que ces soldats placĂ©s sur le fond qui tiennent la couverture levĂ©e feront une belle masse. Ils attendent sans doute que PĂ©lopidas soit expirĂ©, pour la lui jeter sur le visage, et je ne nie pas que cette idĂ©e ne soit simple et sublime. Mais du reste oĂą est l’incident remarquable ? Entre tous ces soldats oĂą est le caractère d’un regret singulier ? Que font-ils pour PĂ©lopidas qu’ils ne feraient pour tout autre ? OĂą sont ces hommes qui ont pris le parti de se laisser mourir ? Une douleur capable de ce projet extrĂŞme, est muette, tranquille, silencieuse, presque sans mouvement, et n’en est que plus profonde. C’est ce que vous n’avez pas conçu. Vous me feriez presque penser que le gĂ©nie vous manque. Croyez-vous que quand vous auriez assemblĂ© quelques-uns de ces soldats autour de la cuirasse brisĂ©e de PĂ©lopidas, les yeux attachĂ©s sur elle ; cela n’aurait pas parlĂ© davantage ? Quelle comparaison entre votre composition et celle du Testament d’Eudamidas.
Cependant vous ne persuaderez Ă  personne que votre sujet ne fĂ»t ni aussi grand, ni aussi pathĂ©tique ni aussi fĂ©cond que celui du Poussin. Je ne vous dirai pas que les tĂŞtes penchĂ©es sur les mains sont bien usĂ©es ! Tant qu’elles seront en nature, on aura le droit de les employer dans l’art ; mais que fait votre PĂ©lopidas ? Il expire, et puis c’est tout ; et cela n’eĂ»t pas Ă©tĂ© mal, si la rĂ©solution de ne pas lui survivre eĂ»t Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e dans les siens par l’inaction, le silence et l’abandon. Vous n’y avez pas pensĂ©, et vous m’autorisez Ă  vous demander : “Quoi, dans cette foule le gĂ©nĂ©ral thĂ©bain n’avait pas un ami particulier ? Il n’y avait pas lĂ  un seul homme qui songeât Ă  la perte que faisait la patrie, et qui parĂ»t tourner ses yeux, ses bras, [ses] regrets vers elle.” Je ne sais ce que j’aurais produit Ă  votre place ; je me serais renfermĂ© longtemps dans les tĂ©nèbres ; j’aurais assistĂ© Ă  la mort de PĂ©lopidas, et je crois que j’y aurais vu autre chose. En gĂ©nĂ©ral la multitude des acteurs nuit Ă  l’effet de la scène. Cette abondance est vraiment stĂ©rile. On n’y a recours que pour supplĂ©er Ă  une idĂ©e forte qui manque. Pigalle, jetez-moi Ă  bas et ce squelette, et cet Hercule tout beau qu’il est, et cette France qui intercède. Étendez le marĂ©chal dans sa dernière demeure, et que je voie seulement ces deux grenadiers affilant leurs sabres contre la pierre de sa tombe. Cela est plus beau, plus simple, plus Ă©nergique et plus neuf que tout votre fatras moitiĂ© histoire, moitiĂ© allĂ©gorie. â€ť (Ă©d. Versini, Laffont, p. 804)

Annotations :

2. Vente Drouot Richelieu, Paris, mercredi 29 juin 2011, lot 8.

Informations techniques

Notice #015778

Image HD

Identifiant historique :
B5097
Traitement de l'image :
Image optimisée par Esrgan