La cigale et la fourmi (Fables de La Fontaine, Barbin, 1668) - Chauveau
Notice n°1 sur 115 Notice suivante
Analyse
Au premier plan, le dialogue de la cigale et de la fourmi constitue l’espace restreint de la scène, ou espace de la représentation, où se déroule l’action au sens théâtral du terme (action oratoire et en aucun cas action dans le réel, réservée à l’espace vague). L’espace restreint constitue une tache claire et est délimité par les racines sombres de l’arbre, au second plan. Au fond, les paysans se chauffant les mains autour du feu, la maison, les arbres dénudés, constituent l’espace vague, ou espace du réel, dont la fonction est d’encadrer la scène, ici en signifiant l’hiver. Les paysans, dont aucun élément du texte de la fable ne permet de justifier la présence, établissent, de l’espace vague vers l’espace restreint, la virtualité d’un regard : ils pourraient regarder la cigale et la fourmi. Ce regard virtuel métaphorise le regard du spectateur, qui se posera ou ne se posera pas sur la gravure.
Le texte de la fable :
La Cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prĂŞter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’août, foi d’animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n’est pas prêteuse ;
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle Ă cette emprunteuse.
Nuit et jour Ă tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
Vous chantiez ? j’en suis fort aise :
Et bien ! dansez maintenant.
1. Signé en bas à droite : « F. C. »
2. Livre I, Fable 1.
Informations techniques
Notice #001579