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Recherche infructueuse

Les Femmes et le Secret (Fables de La Fontaine, 1678, 3eP) - atelier de Chauveau

Date :
1678
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
Rés. B 240

Analyse

Un couple assis sur un lit est protĂ©gĂ© des Ă©ventuels regards indiscrets qui pourraient venir de la porte, du dehors, par un rideau de lit qui le place dans l’ombre. Cet espace Ă  l’ombre constitue l’espace restreint de la scène. Le mari montre Ă  sa femme un Ĺ“uf et lui fait croire, en lui demandant de garder le secret, qu’il l’a pondu. L’action théâtrale qui occupe l’espace restreint est le discours du mari. L’espace restreint est un espace intime, de l’ombre et du secret. Le secret est figurĂ© par le geste du mari portant l’index Ă  ses lèvres. La femme, objet du mystère (saura-t-elle garder le secret ?), est reprĂ©sentĂ©e de dos, le visage dans l’ombre, interdisant ainsi le regard du spectateur. L’extĂ©rieur est figurĂ© par une sĂ©rie de dĂ©crochements Ă  droite : l’œil dĂ©passe d’abord le lit, puis franchit la porte pour se retrouver dans une seconde pièce, plus Ă©clairĂ©e, oĂą se trouve une table et un miroir. Le miroir fonctionne comme une fenĂŞtre, ouvrant sur le rĂ©el. L’espace vague est l’espace de la lumière (qui se rĂ©flĂ©chit dans le miroir), de l’intrusion : n’importe qui pourrait entrer dans la chambre et surprendre le « secret Â».

Texte de la fable :

Rien ne pèse tant qu’un secret ;

Le porter loin est difficile aux Dames :

Et je sais mĂŞme sur ce fait

Bon nombre d’hommes qui sont femmes.

Pour éprouver la sienne un Mari s’écria

La nuit étant près d’elle :

Ô Dieux ! qu’est-ce cela ?

Je n’en puis plus ; on me déchire ;

Quoi ! j’accouche d’un Ĺ“uf !

D’un œuf ? Oui, le voilà

Frais et nouveau pondu.

Gardez bien de le dire :

On m’appellerait Poule. Enfin n’en parlez pas.               

La femme neuve sur ce cas,               

Ainsi que sur mainte autre affaire,

Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire.               

Mais ce serment s’évanouit              

Avec les ombres de la nuit.               

L’Épouse indiscrète et peu fine,

Sort du lit quand le jour fut Ă  peine levĂ© :               

Et de courir chez sa voisine.

Ma commère, dit-elle, un cas est arrivé :

N’en dites rien surtout, car vous me feriez battre.

Mon mari vient de pondre un Ĺ“uf gros comme quatre.               

Au nom de Dieu gardez-vous bien               

D’aller publier ce mystère.

Vous moquez-vous ? dit l(autre : Ah ! vous ne savez guère      

Quelle je suis. Allez, ne craignez rien.

La femme du pondeur s’en retourne chez elle.

L’autre grille déjà de conter la nouvelle :

Elle va la rĂ©pandre en plus de dix endroits.               

Au lieu d’un œuf elle en dit trois.

Ce n’est pas encore tout, car une autre commère

En dit quatre, et raconte Ă  l’oreille le fait,               

PrĂ©caution peu nĂ©cessaire,               

Car ce n’était plus un secret.

Comme le nombre d’œufs, grâce Ă  la renommĂ©e,               

De bouche en bouche allait croissant,               

Avant la fin de la journĂ©e               

Ils se montaient à plus d’un cent.

Annotations :

1. La gravure n’est pas signée.

2. 3e partie, Livre II, Fable 6.

Objets :
Rideau(x) de lit
Porte
Couple étendu sur un lit
Sources textuelles :
La Fontaine, Fables (1668-1692)

Informations techniques

Notice #001585

Image HD

Identifiant historique :
A0904
Traitement de l'image :
Photo numérique
Localisation de la reproduction :
Collection particulière