Différend de Tyrcis & de Laonice, avec témoins (L’Astrée, 1733, IV, 5) - Guélard
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Analyse
« Mais elles [= Diane et Phillis] n’y demeurèrent pas beaucoup, qu’elles ne vissent à l’autre bout un berger et une bergere, qu’elles ne purent pas bien recognoistre pour la longue distance, et aussi pour l’obscurité que les arbres y r’apportoient. Et parce que ces deux bergeres se plaisoient fort ensemble, elles firent dessein d’entrer dans le bois pour les laisser passer sans estre veues, et puis reprendre toutes seules leur promenoir, de peur d’estre distraites par quelque fascheuse compagnie ; et trouvant tout à propos assez pres un buisson fort couvert, elles s’y assirent, et demeurèrent sans parler quelque temps ; et jusqu’à ce que ceux qu’ellez avoient veus fussent passez, elles n’oserent reprendre la parole.
Cela fut cause qu’elles les ouyrent venir d’assez loing, et que, d’autant qu’ils parloient fort haut, elles les recogneurent bien-tost, l’un pour estre Tircis, et l’autre Laonice. – Voicy, dit alors assez bas Phillis, la bonne amie de Silvandre. – Mais dites la mienne, luy respondit Diane, puis qu’elle m’a advertie de la chose du monde, qui m’estoit la plus necessaire de sçavoir. – Et bien ! ma sœur, répliqua Phillis, j’espere que vous sortirez une fois d’erreur, et lors vous me direz si elle est vostre bonne amie.
Diane ne luy respondit point, parce que Tircis et Laonice estoient si pres qu’elle ne le pouvoit faire sans estre ouye. Et de fortune elles entendirent que, passant, Tircis luy disoit : II faut vrayment avouer, Laonice, que vous estes la plus vindicative personne qui fut jamais. »
1. Signé sous la gravure à droite « Guélard sc. »
Informations techniques
Notice #016259