Justine entre Cœur-de-Fer et Saint-Florent (Nlle Justine, 1799, ch3, fig5)
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Analyse
Pour apaiser Cœur-de-Fer, qui vient d’arrêter Saint-Florent sur la route et se propose de le tuer après l’avoir dépouillé, Justine s’offre au brigand, dans un « taillis voisin » (p. 458). Elle s'accroche à Saint-Florent, ce qui crée un corps unique de victime, en opposition au corps unique du bourreau, comme à son espoir de survie et de préservation de sa vertu : ce n’est pas Cœur-de-Fer, mais finalement Saint-Florent lui-même qui violera Justine. Le sexe de Cœur-de-Fer, tourné vers les fesses de Justine, renvoie à son pistolet, dont la charge est prête à partir en direction de Saint-Florent qui, tout en reculant un peu sa tête, soutient le regard de son agresseur. L'élégante canne du jeune homme jetée à terre avec son chapeau contribue à la profondeur de la scène et oriente le regard du spectateur, depuis Cœur-de-Fer au premier plan à droite, vers Saint-Florent au second plan à gauche. Dans ce trajet du regard, les fesses de Justine, au centre, font écran et focalisent l'attention.
Par ailleurs tout oppose les deux hommes entre lesquels Justine s'interpose, et dont en s'abaissant elle permet la confrontation visuelle : leur style vestimentaire, leurs positions, le port ou non de leur chapeau, leur figure et leurs désirs. La scène semble s'organiser à partir de la domination de Cœur-de-Fer. C'est pourtant Cœur-de-Fer lui-même qui, trompé par ses désirs, se révèlera impuissant.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. I. », à droite « P. 125. »
Informations techniques
Notice #001639