Frontispice : la patrie se dresse devant César (Pharsale, trad Brébeuf, 1657)
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Analyse
« Desja plein de courroux & de ses grands projets,
Desja mettant Pompée au rang de ses Sujets,
Cesar avoit franchi les Alpes étonnées,
Ces rochers de frimats & d’horreur couronnées ;
Desja du Rubicon il découvrait les eaux,
Quant au milieu des joncs & parmy les roseaux
Il voit de la Patrie une image vivante
Toute défigurée et toute languissante
Les bras à démy-nuds, & les cheveux épars.
Où, dit-elle, où va-t-on porter mes estendars ;
Si le droit, si l’honneur accompagne vos armes,
Connoissez vostre Mere, & respectez ses larmes ;
Ne portez pas plus loin votre orgueil & vos pas,
Et desarmez vos mains, où ne m’approches pas.
Ces mots entrecoupez de soûpirs & de plaintes
Livrerent à Cesar de sensibles attaintes,
Une crainte inconnuë, une secrette horreur
L’arrache à son audace, & suspend sa fureur,
Une langueur mortelle affoiblit son courage,
Et retient , malgré luy, ses pas sur le rivage.
Dieu, dit-il, qui soutiens la foudre dans tes mains,
Et du mont Tarpeïen veille sur tes Romains
Toy, le Jupiter d’Albe, & vous, Dieux de mes Peres,
Vous, du grand Quirinus adorables Mysteres,
Toy, ma Divinité, toy, Rome que je sers,
Soustiens mon entreprise & viens briser tes fers !
Je ne viens pas icy factieux & perfide
Couronner mes hauts faicts par un noir parricide,
Ny la rage dans l’ame, & le fer à la main,
Enfant dénaturé, le plonger dans ton sein ;
Pourveu qu’à mon ardeur ton courage réponde,
Je vange d’un Tyran la Maistresse du Monde,
Je te rends tes Enfans si long-tems desirez,
Et brise les liens qui leur sont preparez. »
1. Signé dans un cartouche en bas de la gravure « F. Chauveau inuen. et fecit »
Informations techniques
Notice #017040