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Recherche infructueuse

Clidaman & Guynemants à la fontaine de Vérité d’Amour (Dend hyrdinde Astrea, 1646)

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Date :
1646
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
54,-355

Analyse

Sur les conseils du Druide, Clidaman et Guyemants, rivaux en amour auprès de Sylvie, regardent leur reflet dans l’eau de la fontaine d’abord l’un après l’autre, puis ensemble. Ils voient l’un et l’autre apparaître sur la surface de l’eau l’image de Sylvie, mais seule, sans leur visage : Sylvie est aimée, mais n’aime personne.

La fontaine est décrite dès le début du livre II :

« Il y avoit pres de sa chambre un escalier desrobé, qui descendoit en une gallerie basse, par où avec un pont-levis on entroit dans le jardin, agencé de toutes les raretez que le lieu pouvoit permettre, fut en fontaines, & en parterres, fut en allées & en ombrages, n’y ayant rien esté oublié de tout ce que l’artifice y pouvoit adjouster. Au sortir de ce lieu on entroit dans un grand bois de diverses sortes d’arbres, dont un quarré estoit de coudriers, qui tous ensemble faisoient un si gratieux Dedale, qu’encore que les chemins par leurs divers destours se perdissent confusément l’un dans l’autre, si ne laissoient-ils pour leurs ombrages d’estre fort agreables :Assez pres de là dans un autre quarré, estoit la fontaine de la verité d’Amour, source à la verité merveilleuse : car par la force des enchantements, l’Amant qui s’y regardoit voyoit celle qu’il aymoit : que s’il estoit aimé d’elle il s’y voyoit aupres, que si de fortune elle en aimoit un autre, l’autre y estoit representé & non pas luy, & par ce qu’elle découvroit les tromperies des Amants, on la nomma la verité d’Amour. »

L’épisode ici illustré se trouve au livre III :

« Alors par le conseil d’un Druide, qui peut-estre se faschoit de voir deux telles personnes perdre si inutilement le temps, qu’ils pouvoient bien mieux employer pour la deffense des Gaules, que tant de Barbares alloient inondant ; ils vindrent à la fontaine de la verité d’Amour. Vous sçavez quelle est la proprieté de ceste eau, & comme elle declare par force les pensées plus secrettes des Amants : car celuy qui y regarde dedans y voit sa Maistresse, & s’il est aimé, il se voit aupres, & si elle en aime quelqu’autre c’est la figure de celuy-là qui s’y voit. Or Clidaman fut le premier qui s’y presenta,il mit le genoüil en terre, baisa le bord de la fontaine, & apres avoir supplié le Demon du lieu de luy estre plus favorable qu’à Damon, il se panche un peu en dedans : incontinent Silvie s’y presente si belle & admirable, que l’Amant transporté se baissa pour luy baiser la main : mais son contentement fut bien changé quand il ne vid personne pres d’elle. Il se retira fort troublé, apres y avoir demeuré quelque temps, & sans en vouloir dire autre chose, fit signe à Guyemantz, qu’il y esprouvast sa fortune. Luy avec toutes les ceremonies requises, ayant fait sa requeste, jetta l’œil sur la fontaine : mais il fust traitté comme Clidaman, par ce que Silvie seule se presenta bruslant presque avec ses beaux yeux, l’onde qui sembloit rire autour d’elle. Tous deux estonnez de cette rencontre, en demanderent la cause à ce Druide, qui estoit tres-grand magicien. Il respondit que c’estoit d’autant que Silvie n’aimoit encore personne, comme n’estant point capable de pouvoir estre bruslée, mais de brusler seulement. Eux qui ne se pouvoient croire tant deffavorisez, par ce qu’ils s’y estoient presentez separez, y retournerent tous deux ensemble : & quoy que l’un & l’autre se pancheast de divers costez : si est-ce que la Nimphe y parut seule. Le Druyde en sousriant les vint retirer, leur disant qu’ils creussent pour certain n’estre point aimez, & que se pancher d’un costé & d’autre ne pouvoit representer leur figure dans ceste eau : car il faut, disoit-il, que vous sçachiez que tout ainsi que les autres eaux representent les corps qui luy sont devant, celle-cy represente les esprits. »

Et le druide de conclure :

« Que si Silvie vous aimoit elle seroit changée aussi bien en vous, que vous en elle ; & ainsi representant vostre esprit vous verriez Silvie, & voyant Silvie changée, comme je vous ay dit, par cét Amour, vous vous y verriez aussi. »

Annotations :

1. Gravure non signée.

Objets :
Statue
Fontaine
Balustrade
Sources textuelles :
L’Astrée, 1ère partie, 1607

Informations techniques

Notice #017836

Image HD

Identifiant historique :
B7155
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Collections en ligne de la bibliothèque nationale du Danemark (https://soeg.kb.dk)