Le jardin de verre (Songe de Poliphile, 1546, F41v) - Jean Goujon
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Analyse
La reine Eleuthérilide a confié Poliphile à deux jeunes filles, Logistique (Raison) et Thélèmie (Volonté) qui le mèneront jusqu’à trois portes : celle de droite indique la gloire terrestre, celle de gauche la gloire céleste, et celle du milieu la mère d’Éros, Erototrophos Mater Amoris. Poliphile, qui n’est pas encore prêt pour la porte de gauche, aride et gardée par une vieille misérable, choisira la porte du milieu. Le trajet qui mène jusqu’aux trois portes est jalonné de choses à voir, que montrent et expliquent les compagnes de Poliphile. Ici commence la série des quatre jardins allégoriques, qui ont fait la célébrité du Songe de Poliphile. Ces jardins ne sont pas illustrés dans l’édition originale vénitienne. Le premier jardin est le jardin de verre. Dans l’arche centrale, on distingue Poliphile et ses deux accompagnatrices, arrêtés pour contempler, du dehors (depuis l’espace vague), le jardin en pots. Que signifie ce jardin ? Il célèbre d’abord les prouesses techniques des ateliers de verrerie de
1. « y avait des paquets de jardinage en forme de caisses, dedans lesquels étaient plantés des buis et des cyprès entremêlés, à savoir entre deux buis un cyprès, les troncs et les branches de fin or, mais le feuillage était de verre si proprement contrefait que l’on l’eût pris pour naturel » ; « le jardin était clos de colonnes ventrues faites de verre en forme de jaspe, embrassées de l’herbe dite liset ou voluble [liseron, ou volubilis] avec ses fleurs blanches pareilles à clochettes, toutes de bosse du même verre coloré d’après le naturel » ; « car il n’y avait rien de naturel, et néanmoins cela rendait une odeur suave » (f° 41r°). 3. A comparer avec les jardins suspendus de Logistille, dans l’Arioste. Dans l’édition originale vénitienne, voir p. 124.
Informations techniques
Notice #001924