Le lavement des pieds (version de Grenoble) - Tintoret
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Analyse
La composition de ce premier Lavement des pieds du Tintoret divise la toile en deux scènes presque indépendantes.
A droite, Jésus, auréolé, un genou à terre, le tablier à la ceinture, lave les pieds de Pierre, tandis que le jeune Jean, debout, tend une serviette. Jésus et Pierre se regardent mais ne se parlent pas,
A gauche, un apôtre debout s’essuie les jambes, qui viennent sans doute d’être lavées. Au centre, les autres apôtres forment plusieurs groupes autour d’une table à la nappe immaculée et discutent entre eux. L’un d'entre eux s’enfuit par le fond, Judas sans doute.
Le devant de la table est occupé par deux personnages qui discutent. Celui de droite est assis à califourchon sur un banc dont le décor en tête de lion évoque l'emblème de saint Marc : il a une longue barbe et porte un vêtement orange ; il tend son pied, attendant sans doute que Jésus vienne le laver. Son interlocuteur est totalement différent : les cheveux courts et blancs, vêtu d'une longue robe noire, il ressemble plus à un ecclésiastique du XVIe siècle qu’à un apôtre, et comme aucun n’a d’auréole, il est difficile de se faire une opinion. Le Tintoret a peut-être voulu faire dialoguer un de ses contemporains avec l’apôtre de Venise, pour comprendre le sens de cette scène étrange.
« Comprenez-vous ce que j’ai fait pour vous ? Vous m’appelez “le Maître et le Seigneur” et vous dites bien, car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi. En vérité, en vérité, je vous le dis, un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. » (Jean 13, 13-16)
Le choix de décentrer la scène principale vers la droite, avec un apôtre debout à gauche, et de laisser dans la plus grande partie de la toile les apôtres dans diverses attitudes, sera repris, plus systématiquement, dans la version du Lavement des pieds conservée au Prado.
2. Anciennement attribué à Lodovico Carracci / Louis Carrache (1844).
Achat en 1799 par L.J. Jay, au moyen d'une souscription versée par des habitants de Grenoble.
Informations techniques
Notice #019749