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Recherche infructueuse

Le joli pied (Rétif, Les Contemporaines, vol. 5, 1780) - Binet

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Date :
1780
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
SMITH LESOUEF R-1605
Œuvre signée
Légende

Analyse

Le jeune Saintepallaie, fétichiste des pieds, succombe au charme de ceux de Victoire de la Grange, lorsqu'il la voit par hasard lisant un livre dans son jardin. Il lui vole alors à plusieurs reprises ses chaussures, qu'il collectionne précieusement. Cette estampe illustre le moment où il s'apprête à lui en dérober une paire, que lui-même lui avait offerte.

La nouvelle de Rétif indique d'abord que celui-ci « se baissa, caché par un arbre ». Or, il se trouve que l'arbre de l'estampe, qui devait jouer le rôle d'écran entre les deux personnages, est bien mince et ne semble guère le dissimuler. En réalité, c'est davantage la barrière qui fait office d'écran. Cependant, cet écran est troué et transpercé par les pieds de la demoiselle, de telle sorte que d'un côté se trouve cette dernière étendue, et de l'autre ses pieds ainsi que l'homme, comme si les chaussures lui appartenaient déjà.

Ce dispositif prépare donc le rapt ; d'ailleurs, la demoiselle, qui a le regard en l'air et les jambes bien tendues, semble attendre le larcin, dans une complicité dissimulée qui renforce le fantasme. Au reste, elle ne lit plus mais tient un éventail, qui peut avoir une coloration sexuelle, d'autant que les mains qui le tiennent sont masquées par la barrière, ce qui détourne l'attention vers ce qui est visible, les pieds. Ces derniers, petits et chaussés dans de grands talons, sont particulièrement conformes au goût de Rétif. Ils se trouvent mis en valeur dans la gravure, à la fois par la lumière qui les inonde, par la place de la main droite de Saintepallaie, ainsi que par leur position d'ensemble, au centre du champ restreint autour des personnages ; bien que la scène se déroule dehors, la clôture fleurie crée un espace restreint dont le portique laisse entrevoir l'espace vague. Dans ce dispositif, l'arbre, qui n'est finalement qu'un faux écran, se révèle être un symbole phallique, d'autant que l'homme a les jambes écartées, ce qui annonce le fantasme.

Annotations :

1. Au-dessus de la gravure à droite :  V. Vol. 202. » (volume V, page 202)
Signé sous la gravure à gauche « L. Binet inv. », à droite « L. S. Berthet scul. »
Légende sous la gravure : « Amour ! permets ce larcin. »

Sources textuelles :
Rétif de la Bretonne, Les Contemporaines (1780-1782)

Informations techniques

Notice #020279

Image HD

Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Bibliothèque numérique Gallica, Bibliothèque nationale de France (https://gallica.bnf.fr)