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Recherche infructueuse

Les progrès de la vertu (Rétif, Les Contemporaines, vol. 9, 1781) - Binet

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Date :
1781
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
SMITH LESOUEF R-1609

Analyse

Ses parents ayant dû fuir se cacher pour des raisons politiques, Psyché a été recueillie puis élevée par M. des Glands et par sa domestique, Mme Saint-Didier. Des Glands veut épouser Psyché. Mme Saint-Didier élève des objections : ne faudrait-il pas demander l'autorisation de ses parents ? « De quel droit privez-vous les parens de Psyché de la douceur de disposer de leur Fille ? — Leur Fille ? Elle est la mienne, s'écria Des Glands ? » Mme Saint-Didier révèle alors qu'elle est la mère de Psyché. A cette découverte, Psyché se jette aux pieds de sa mère et assure des Glands qu'elle n'ira jamais contre l'autorité de sa mère : « J'aimerais mieux être malheureuse que de lui désobéir. » La mère demandera alors à Des Glands de solliciter par une lettre l'autorisation du père proscrit et exilé de la jeune fille.

La gravure, représente le moment où la mère relève Psyché, « tombée éperdue » à ses genoux pour l'embrasser ;des Glands, la main sur le cœur, « partage leur attendrissement ». La discordance des tenues de la fille et de la mère est discrètement suggérée par la différence des coiffes : élégante coiffure à plumes pour Psyché, austère fichu et coiffe sur la tête de la mère.

Le récit repose sur une confusion savamment entretenue concernant le statut de Des Glands : il a recueilli Psyché, il lui tient lieu de père, il a tout pouvoir sur elle à ce titre ; mais il veut épouser Psyché, et à ce titre il doit demander l'autorisation du père. Il ne peut pas en même temps être et ne pas être le père de Psyché. Pour représenter cette ambiguïté, Binet place Psyché dans les bras de sa mère, et Des Glands derrière elle. Psyché s'adresse à Des Glands, la tête et les yeux tournés vers l'arrière, bien qu'embrassée par sa mère, qui se trouve devant elle. Elle signifie son obéissance de façon ambivalente, à celle qui l'embrasse et à celui que, de façon un peu contournée, elle regarde.

Des Glands à droite domine la scène de sa stature, en comparaison de Mme Saint-Didier qui est penchée, et de Psyché encore à demi évanouie. Il est ici la figure d'autorité masculine. Pour autant, une jeune fille s'adresserait-elle ainsi à son père, du coin de l'œil, la tête en arrière et la poitrine en avant ? Jeune et élégant, Des Glands figure plutôt l'amant potentiel. La main posée sur son cœur indique son émotion, ce que ne pourrait afficher ainsi un père de famille. L'autre main, tendue vers la jeune fille, esquisse en même temps qu'elle retient un geste affectueux vers elle. Ce geste, certes engagé mais arrêté avant son terme, figure le désir d'inceste en même temps qu'il en suggère le refoulement.

Au fond de la pièce et sur la droite sont accrochés deux grands miroirs de dessus de cheminée, qui encadrent en quelque sorte les figures de Des Glands et de Mme Saint-Didier, entre qui se trouve Psyché, abaissée à terre du côté de son séducteur, relevée du côté de sa mère. Des Glands entre dans le cadre que forme le miroir surplombé d'une couronne nuptiale, Mme Saint-Didier sort du cadre de l'autre miroir, surplombé d'un carquois et de flèches : par l'intervention de la mère, on sort de la pure logique du désir pour entrer dans la loi et la responsabilité du mariage…

Annotations :

1. Au-dessus de la gravure à droite « IX. Vol. Pag. 136. » 
La gravure n'est pas signée.
Légende sous la gravure : « J'aimerais mieux être malheureuse que de lui desobéir. »

Sujet de l'estampe décrit par Rétif : « Psyché aux genous de sa Mère, qui l'élève jusqu'à elle pour l'embrasser : la Jeune Personne dit à son Amant : J'aimerais mieux être malheureuse que de lui desobéir… »

Sources textuelles :
Rétif de la Bretonne, Les Contemporaines (1780-1782)

Informations techniques

Notice #020301

Image HD

Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Bibliothèque numérique Gallica, Bibliothèque nationale de France (https://gallica.bnf.fr)