Noirceuil flagelle Fontange et est flagellé (Juliette, VI, fig. 60)

Juliette, après un long voyage en Italie, est de retour en France. Elle a fait sortir du couvent Fontange, la fille de Mme de Donis, une libertine qu'elle avait connue quelques temps auparavant et dont elle s'était débarrassée. Elle organise une nouvelle orgie avec Noirceuil, un de ses premiers instituteurs. Il s'agit de la dernière orgie conséquente de Juliette, à laquelle participent d’autres personnages : les fils de Noirceuil Phaon et Euphorbe, deux hommes au service de Noirceuil, Desrues et Cartouche, deux femmes au service de Juliette, Théodore et Phrynée, et deux prostituées pour lesquelles nous n'avons pas plus de précisions dans le texte. Il y a ainsi une égalité presque parfaite entre les sexes et les rôles distribués.

Lors de cette scène orgiaque, Noirceuil « fait tenir sa victime en l'air par les deux bourreaux, et se plaît à la flageller ainsi, jusqu'au sang, avec des martinets de fer, que l'on a fait rougir au feu » (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 1250).

C'est ce moment que la gravure représente. Fontange, retournée d’une manière assez peu vraisemblable, est tenue par Desrues et Cartouche, qui n’est pas visible. Ses fesses, encadrées par celles de Théodore et de Phrynée elles aussi debout sur la table, sont fouettées par Noirceuil. Il peut ainsi s’en prendre à trois derrières alignés devant ses yeux. Le libertin est lui-même fouetté par les deux prostitués, tout en ayant Juliette entre ses cuisses. La position complexe prend la forme d'une pyramide typique des gravures sadiennes. Cette pyramide assure la jouissance du groupe plutôt que celle d'un seul sujet.

Cette orgie finale a lieu dans le « château magnifique que Noirceuil possédait » (p. 1246), dans une pièce close : les personnages sont ainsi confinés dans un espace clos qui laisse libre cours aux fantasmes des libertins. Est également visible le bout d’un tableau représentant un cadre champêtre qui contraste avec la scène.