Les deux frères au secours de la femme de Barbe bleue (Contes de Perrault, Hetzel, 1867) - Doré
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Analyse
« Lors qu’elle fut seule, elle appella sa sœur, & luy dit, ma sœur Anne, car elle s’appelloit ainsi, monte je te prie sur le haut de la Tour, pour voir si mes freres ne viennent point, ils m’ont promis qu’ils me viendroient voir aujourd’huy, & si tu les vois, fais-leur signe de se hâter. La sœur Anne monta sur le haut de la Tour, & la pauvre affligée luy crioit de temps en temps, Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir. Et la sœur Anne luy répondoit, je ne vois rien que le soleil qui poudroye, et l’herbe qui verdoye. Cependant la Barbe bleüe tenant un grand coutelas à sa main, crioit de toute sa force à sa femme, descens viste, où je monteray là-haut. Encore un moment s’il vous plait, luy répondit sa femme, & aussi-tost elle crioit tout bas. Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir, & la sœur Anne, répondoit, je ne vois rien que le Soleil qui poudroye et l’herbe qui verdoye. Descens donc viste, crioit la Barbe bleuë, où je monteray la haut. Je m’en vais, répondoit sa femme, & puis elle crioit Anne, ma sœur Anne, ne voy tu rien venir. Je vois, répondit la sœur Anne, une grosse poussiere qui vient de ce costé-cy. Sont-ce mes freres ? Helas, non, ma sœur, c’est un Troupeau de Moutons. Ne veus tu pas descendre, crioit la Barbe bleuë. Encore un moment répondoit sa femme, & puis elle crioit, Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir. Je vois, répondit-elle, deux Cavaliers qui viennent de ce costé-cy, mais ils sont bien loin encore : Dieu soit loué, s’ecria-t-elle un moment aprés, ce sont mes freres ; je leur fais signe tant que je puis de se haster. »
1. Signé en bas de la gravure à droite « PISAN ».
Informations techniques
Notice #021066