La Sculpture - Louis-Michel Van Loo
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Analyse
Livret du Salon de 1767 :
Par M. Vanloo, Ecuyer, Chevalier de l'Ordre du Roi d'Espagne, Directeur de l'Ăcole Royale des ĂlĂšve protĂ©gĂ©s, ancien Recteur.
N°1. Deux tableaux ovales représentant la Peinture et la Sculpture.
De 3 pieds 8 pouces de large, sur 3 pieds 1 pouce de haut.
Description de Diderot dans le Salon de 1767 :
Ce nâest pas Carle. Carle est mort. Il y a de Michel deux ovales reprĂ©sentant lâun la Peinture, lâautre la Sculpture. Ils ont chacun 3 pieds 8 pouces de large, sur 3 pieds, 1 pouce de haut.
La Sculpture est assise. On la voit de face, la tĂȘte coiffĂ©e Ă la romaine, le regard assurĂ©, le bras droit retournĂ© et le dos de la main appuyĂ© sur la hanche ; lâautre bras posĂ© sur la selle Ă modeler, lâĂ©bauchoir Ă la main. Il y a sur la selle un buste commencĂ©.
Pourquoi ce caractĂšre de majestĂ©Â ? Pourquoi ce bras sur la hanche ? Cette attitude dâatelier cadre-t-elle bien avec lâair de noblesse ? Supprimez la selle, lâĂ©bauchoir et le buste, et vous prendrez la figure symbolique dâun art, pour une impĂ©ratrice.
« Mais elle impose. » â Dâaccord. â « Mais ce bras retournĂ© et ce poignet appuyĂ© sur la hanche donne de la noblesse et marque le repos. » â Donne de la noblesse, si vous voulez. Marque le repos, certainement. â « Mais cent fois le jour, lâartiste prend cette position, soit que la lassitude suspende son travail, soit quâil sâen Ă©loigne pour en juger lâeffet. » â Ce [79] que vous dites, je lâai vu. Que sâensuit-il ? En est-il moins vrai que tout symbole doit avoir un caractĂšre propre et distinctif ? que si vous approuvez cette Sculpture impĂ©ratrice, vous blĂąmerez du moins cette Peinture bourgeoise qui lui fait pendant ? â « Cette premiĂšre est de bonne couleur. » â Peut-ĂȘtre un peu sale. â « TrĂšs bien drapĂ©e, dâune grande correction de dessin, dâun assez bon effet. » â Passons, passons ; mais nâoublions pas que lâartiste qui traite ces sortes de sujets sâen tient Ă lâimitation de nature ou se jette dans lâemblĂšme, et que ce dernier parti lui impose la nĂ©cessitĂ© de trouver une expression de gĂ©nie, une physionomie unique, originale et dâĂ©tat, lâimage Ă©nergique et forte dâune qualitĂ© individuelle.Voyez cette foule dâesprits incoercibles et vĂ©loces sortis de la tĂȘte de Bouchardon et accourants Ă la voix dâUlisse qui Ă©voque lâombre de TirĂ©sias. Voyez ces naĂŻades abandonnĂ©es, molles et fluantes de Jean Goujon. Les eaux de la fontaine des Innocents ne coulent pas mieux. Les symboles serpentent comme elles. Voyez un certain Amour de Van Dyck. Câest un enfant. Mais quel enfant ! Câest le maĂźtre des hommes. Câest le maĂźtre des dieux. On dirait quâil brave le ciel et quâil menace la terre. Câest le quos ego du poĂšte rendu pour la premiĂšre fois.
Et puis, je vous le demande, nâaimeriez-vous pas mieux cette tĂȘte coiffĂ©e dâhumeur, sa draperie lĂąche et moins arrangĂ©e, et son regard attachĂ© sur le buste ?
2. Vente Mutual Art, 23 mai 2000.
3. Comparer avec le mĂȘme sujet traitĂ© par Carle Vanloo 15 ans plus tĂŽt.
Informations techniques
Notice #021113