La fuite en Égypte - Le Tintoret

Dans un paysage luxuriant, la sainte famille avance pour fuir Hérode, qui vient de commander le meurtre de tous les nouveaux-nés mâles :

Après quoi, avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays Après leur départ, voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu'à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. Il se leva, prit avec lui l'enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte; et il resta là jusqu'à la mort d'Hérode ; pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : D'Égypte j'ai appelé mon fils. (Matthieu, 2, 12-15)

Le paysage éblouit par sa végétation exubérante. Les protagonistes viennent de traverser une rivière, qui sépare le premier plan où ils se trouvent à gauche de l'arrière-plan, où l'on distingue à droite un village avec des personnages vaquant à leurs occupations, et plus loin un pays aride aux habitations plus nombreuses, écrasées de lumière.

La jeune Marie, éclatante par le rouge de sa robe sous son manteau bleu, est montée sur un âne qui semble fatigué et que le vieux Joseph doit convaincre d’avancer. Marie est souvent vêtue de bleu et rouge, qui annoncent la double nature du Christ qu'elle vient de mettre au monde, bleu pour sa divinité, rouge pour son humanité (et la Passion). Par contraste, Joseph n'est vêtu que de rouge.

Marie porte dans ses bras, avec une grande précaution, l’enfant Jésus qui dort. Par terre à côté d'eux, un bâton de pèlerin avec un simple baluchon et une gourde de voyage pour tout bagage.

Une douce lumière éclaire la succession des plans, et révèle ainsi une grande profondeur de champ qui souligne la solitude et la vulnérabilité de cette famille menacée.