La cathédrale de Salisbury et Leadenhall depuis la rivière Avon - John Constable
Analyse
Le bouquet d’arbres s’est assombri ; il est devenu un gigantesque amoncellement de sacs de charbon abandonnés dieu sait par qui ni pour quoi au beau milieu de la campagne. Une réalité brute qui ne dit rien sinon qu’elle est (mais qu’est-elle ?) et qui ne ressemble à rien, pas même à ces sacs de charbon inexistants avec lesquels, bien malencontreusement, je viens de la comparer. Mon excuse : les gigantesques sacs de charbon sont tout aussi improbables que le bouquet d’arbres est inintelligible. Son inintelligibilité – un mot pareil à un chemin de fer, toujours sur le point de dérailler ou de perdre un fourgon – découle de son excès de réalité. Une réalité irréductible aux autres réalités. Le bouquet d’arbres est intraduisible : il est lui et rien que lui. (Octavio Paz, Le Singe grammairien, p. 111)
2. Legs Salting, 1910.
Informations techniques
Notice #021582