Jupiter transformé en Diane pour surprendre Callisto (New-York) - Boucher
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Analyse
Livret du Salon de 1765Â :
« Par M. Boucher, Premier Peintre du Roi, Recteur.
8. Jupiter transformé en Diane pour surprendre Calisto.
9. Angélique & Médor.
Tableaux ovales d’environ 2 pieds de haut, sur 1 pied & demi de large. Du Cabinet de M. Bergeret de Grancourt. »
Jupiter ayant pris les traits de Diane, à gauche, est reconnaissable à l’aigle qui le surplombe. Il dévêt Callisto de la main droite et lui caresse le menton de la gauche, sous le regard de deux putti et de l’aigle. Ce double geste est critiqué par Diderot dans son commentaire : « voilà deux mains bien occupées ! ». Outre la gravelure qui cette fois n’a pas l’heur de plaire à Diderot, peut-être lui reproche-t-il de partager l’attention du spectateur, empêchant la focalisation du regard. Boucher établit, entre les deux bras de Jupiter-Diane et l’épaule dénudée de Callisto un triangle qui constitue chez lui la figure géométrique du désir. Diderot parle ailleurs du « triangle mystérieux », à la fois métaphore du sexe féminin et parodie libertine de la Trinité. Le tableau a pour pendant un Angélique et Médor qui représente un couple dans la même position : le parallélisme des deux toiles renforce l’hypothèse selon laquelle dans Angélique et Médor Boucher n’a pas représenté le moment traditionnel, lorsque Médor, après avoir obtenu les dernières faveurs d’Angélique, grave son triomphe sur le bois d’un arbre, mais le moment des préliminaires, lorsqu’il s’apprête à lui ôter sa fleur. Jupiter-Diane engage ici le même ordre de préliminaires.
3. Boucher avait déjà traité ce sujet en 1744 (musée Pouchkine) et en 1759 (voir cat. Boucher, RMN, 1986, n°70). Par trois fois Boucher choisit l’épisode de la séduction, et non le thème plus traditionnel des conséquences, lorsque Diane surprend le ventre arrondi de Callisto tombée enceinte.
Informations techniques
Notice #002293