L'église souterraine (Ladouski et Floriska, Dentu, An X - 1801) - Dupréel
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Analyse
L'implacable Brontirio, le mystérieux ennemi de Landouski et de Floriska, tient captive Mme Irvan, la mère de Floriska. Avec son complice, le juif Ismaël, il décide de la torturer en lui faisant visiter de force son repaire souterrain, d'immenses mines de sel. Pour ne pas attirer l'attention des ouvriers honnêtes qui y travaillent aussi, ils décident de lui faire revêtir un « costume d'ouvrier » (Jean-Louis Lacroix de Niré, Ladouski et Floriska t. IV, Paris, Dentu, p. 35). Au cours de leur visite, ils arrivent dans une église représentée sur la gravure :
Cette église consistait en trois chapelles entièrement creusées dans des roches de sel. C'est de cette même matière qu'étaient composés tous les instruments de culte, que renfermait cet étrange monument d'architecture ; les autels et leurs marchepieds, la chaire à prêcher, les statues sacrées qui décoraient l'intérieur de ces asiles de la prière, tout était formé de ce cristal dur et transparent. Les murs et les plafonds étaient taillés à facettes ; et lorsqu'on avait allumé les cierges qu'à dessein on répandait en foule de toutes parts, l'œil était tellement ébloui par la vive splendeur de ces innombrables lumières réfléchies et multipliées, que l'on aurait cru se trouver au milieu d'un temple tapissé de diamants et de pierreries. Ces chapelles quoique désertes, étaient illuminées au moment où madame Irvan y fut introduite par Ismaël et Brontirio. (Ibid. p. 39-40)
Sur l'image, Brontirio et Ismaël tiennent fermement Mme Irvan habillée en homme et la regardent d'un sourire malin. Mais le véritable intérêt de l'image réside dans le lieu que le texte décrit richement, et que l'image représente avec éclat. Or, les personnages se trouvent dans un souterrain très profond où la lumière passe peu. Aucun accès à l'extérieur n'est possible : l'action se confine à l'écart des regards, pour laisser les antagonistes comploter en secret.
Le fond de l'image est composé en trityque : à gauche, la chaire ; au centre, l'autel, avec son tabernacle surmonté d'un fronton au centre rayonnant duquel se lit à peine l'inscription INRI ; à droite, les niches avec les statues de saints. Il s'agit d'amener Mme Irvan devant l'autel, comme pour un sacrifice. La partie gauche de l'image est occupée par les malfrats. La partie droite concentre les attributs du lieu saint : sur l'autel, un pupitre, mais il est vide ; sous le banc de l'abside, un chérubin sculpté, comme écrasé par l'appareil funèbre. La scénographie est celle d'une profanation, qu'on retrouve dans plusieurs illustrations de la La Nouvelle Justine et de la Juliette de Sade.
1. Légende dans un cartouche sous la gravure : « Ses deux perfides conducteurs l'entraînent dans l'église de cette ville souterraine. »
Signé à droite sous le cartouche : « Dupréel Scu ».
Informations techniques
Notice #023106