Histoire du pêcheur. Le vase de cuivre (1001 nuits, éd. Ledentu, 1832)
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Analyse
Le pêcheur ayant fini cette prière, jeta ses filets pour la quatrième fois. Quand il jugea qu’il devoit y avoir du poisson, il les tira comme auparavant avec assez de peine. Il n’y en avoit pas pourtant ; mais il y trouva un vase de cuivre jaune, qui, à sa pesanteur, lui parut plein de quelque chose ; et il remarqua qu’il étoit fermé et scellé de plomb, avec l’empreinte d’un sceau. Cela le réjouit, « Je le vendrai au fondeur, disoit-il, et de l’argent que j’en ferai, j’en achèterai une mesure de bled. »
Il examina le vase de tous côtés, il le secoua, pour voir si ce qui étoit dedans ne feroit pas de bruit. Il n’entendit rien ; et cette circonstance, avec l’empreinte du sceau sur le couvercle de plomb, lui firent penser qu’il devoit être rempli de quelque chose de précieux. Pour s’en éclaircir, il prit son couteau, et avec un peu de peine, il l’ouvrit. Il en pencha aussitôt l’ouverture contre terre ; mais il n’en sortit rien, ce qui le surprit extrêmement. Il le posa devant lui ; et pendant qu’il le considéroit attentivement, il en sortit une fumée fort épaisse qui l’obligea de reculer deux ou trois pas en arrière. Cette fumée s’éleva jusqu’aux nues et s’étendant sur la mer et sur le rivage, forma un gros brouillard : spectacle qui causa, comme on peut se l’imaginer, un étonnement extraordinaire au pêcheur. Lorsque la fumée fut toute hors du vase, elle se réunit et devint un corps solide, dont il se forma un génie deux fois aussi haut que le plus grand de tous les géans. À l’aspect d’un monstre d’une grandeur si démesurée, le pêcheur voulut prendre la fuite ; mais il se trouva si troublé et si effrayé, qu’il ne put marcher. (GF I 65-6)
1. Légende dans le cartouche sous la gravure : « Il sortit de ce vase une fumée si épaisse, que le pêcheur fut obligé de reculer deux ou trois pas en arrière. »
Informations techniques
Notice #023216