Histoire du vizir puni. Prodige dans la cuisine du sultan (1001 nuits, éd. Ledentu, 1832)
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Analyse
Mais, sire, poursuivit Scheherazade, après vous avoir parlé du pêcheur, il faut vous parler aussi de la cuisinière du sultan, que nous allons trouver dans un grand embarras. D’abord qu’elle eut nettoyé les poissons que le visir lui avoit donnés, elle les mit sur le feu dans une casserole avec de l’huile pour les frire ; lorsqu’elle les crut assez cuits d’un côté, elle les tourna de l’autre. Mais, ô prodige inoui, à peine furent-ils tournés, que le mur de la cuisine s’entrouvrit ! Il en sortit une jeune dame d’une beauté admirable, et d’une taille avantageuse ; elle étoit habillée d’une étoffe de satin à fleurs, façon d’Égypte, avec des pendans d’oreille, un collier de grosses perles, des brasselets d’or garnis de rubis ; et elle tenoit une baguette de myrte à la main. Elle s’approcha de la casserole, au grand étonnement de la cuisinière, qui demeura immobile à cette vue ; et frappant un des poissons du bout de sa baguette : Poisson, poisson, lui dit-elle, es-tu dans ton devoir ? Le poisson n’ayant rien répondu, elle répéta les mêmes paroles et alors les quatre poissons levèrent la tête tous ensemble, et lui dirent très-distinctement : Oui, oui, si vous comptez, nous comptons ; si vous payez vos dettes, nous payons les nôtres ; si vous fuyez, nous vainquons et nous sommes contens. Dès qu’ils eurent achevé ces mots, la jeune dame renversa la casserole, et rentra dans l’ouverture du mur, qui se referma aussitôt et se remit dans le même état où il étoit auparavant.
1. Légende dans la cartouche sous la gravure : « Poisson, poisson, es-tu dans ton devoir ? »
Informations techniques
Notice #023217