Énée racontant à Didon la chute de Troie (Virgile de Naples, f56r)
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Analyse
La miniature fait office de lettre C historiée. Elle embrasse les 8 premiers vers :
Conticuere omnes, intentique ora tenebant.
Inde toro pater Aeneas sic orsus ab alto :
« Infandum, regina, iubes renouare dolorem,
Troianas ut opes et lamentabile regnum
eruerint Danai ; quaeque ipse miserrima uidi,
et quorum pars magna fui. Quis talia fando
Myrmidonum Dolopumue aut duri miles Vlixi
temperet a lacrimis?
[Tous se turent, le visage attaché sur lui. Alors, de son lit élevé, le vénérable Énée commença : Tu veux, ô reine, que je revive un malheur indicible : comment les Grecs ont rasé l'opulente Troie, ce royaume au sort si déplorable. Ce comble de misère, je l'ai vu de mes yeux et j'en ai eu ma large part. Qui donc, à ce récit, serait-il Myrmidon, Dolope, ou soldat de l'exécrable Ulysse pourrait retenir ses larmes. ?]
L'image représente à gauche Didon en reine sur son trône, pointant l'index de sa main droite vers Énée : c'est la fin du livre I, elle lui intime l'ordre de faire le récit de la chute de Troie (« Immo age, et a prima dic, hospes, origine nobis insidias », v. 753-4). A droite, Énée descend de son lit (en fait il se dresse sur son lit, mais « toro ab alto » est compris à contresens) pour parler à la reine. Les mains d'Énée, très expressives, signifient le caractère dramatique du récit.
Noter le traitement des visages, avec les yeux très ouverts, et des corps, avec les membres très dessinés, où l'on sent l'influence byzantine.
Informations techniques
Notice #023252