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Recherche infructueuse

Le vieillard de la mer. Le puits abandonné (Matâli' al-sa'âdet, Bnf sup.turc242, f79v80)

Analyse

Dans le 5e voyage de Sindbad, le vieillard s'accroche au dos de Sindbadb et serre les jambes de telle manière que Sindbad ne peut plus se débarrasser de lui. Mais ici, sur le folio de droite, le vieillard est mi-homme, mi-poisson :

« Lorsque je fus un peu avant dans l’isle, j’aperçus un vieillard qui me parut fort cassé. Il étoit assis sur le bord d’un ruisseau ; je m’imaginai d’abord que c’étoit quelqu’un qui avoit fait naufrage comme moi. Je m’approchai de lui, je le saluai, et il me fit seulement une inclination de tête. Je lui demandai ce qu’il faisoit là ; mais au lieu de me répondre, il me fit signe de le charger sur mes épaules, et de le passer au-delà du ruisseau, en me faisant comprendre que c’étoit pour aller cueillir des fruits.
Je crus qu’il avoit besoin que je lui rendisse service ; c’est pourquoi, l’ayant chargé sur mon dos, je passai le ruisseau. Descendez, lui dis-je alors, en me baissant pour faciliter sa descente. Mais au lieu de se laisser aller à terre (j’en ris encore toutes les fois que j’y pense), ce vieillard qui m’avoit paru décrépit, passa légèrement autour de mon col ses deux jambes, dont je vis que la peau ressembloit à celle d’une vache, et se mit à califourchon sur mes épaules en me serrant si fortement la gorge, qu’il sembloit vouloir m’étrangler. La frayeur me saisit en ce moment, et je tombai évanoui… » (GF I 269)

Le folio de gauche fait penser au 4e voyage, où Sindbad arrive dans une île où la coutume veut que si l'un des deux époux meurt, l'autre est enterré vif avec lui. Or le roi a marié Sindbad à une jeune femme, qui meurt de maladie. Sindbad est descendu dans un puits avec le cercueil de sa femme et quelques provisions, puis tue successivement les conjoints des morts suivants pour s'emparer de leurs provisions, jusqu'à ce qu'il trouve un passage pour sortir. Mais ici, c'est un diable ou un génie qui est au fond du puits, où un homme lui descend, dans un sceau, une tête d'homme…

Le folio de gauche a été rapproché d'une autre histoire, l'histoire du puits abandonné, à laquelle le Coran fait allusion (sourate 22, verset 45) et qui a été développée par plusieurs auteurs, parmi lesquels Kisa’i dans les Qisas al-anbiya’ (Histoires des prophètes). Le titre de la miniature fait en effet clairement allusion à un puits abandonné. Pourtant on ne voit pas trop à quel épisode de cette histoire l'image se réfère. Un homme du nom de Hanzala cheminait vers la Mecque depuis le lieu où se trouvait sa tribu, à Aden, situé à l’extrémité sud-occidentale de la Péninsule Arabique, quand il eut une vision au cours de laquelle il lui fut ordonné de s’en retourner chez lui, parce que sa tribu s’était mise à adorer des idoles. Ainsi fit-il, et il prêcha pour les siens, mais ceux-ci le mirent à mort, et Dieu se vengea en asséchant un puits qui était vital pour leur subsistance.
L'homme qui puise dans le puits ne va pas en ressortir de l'eau, mais une tête d'homme. A son fond, le puits est gardé par un djinn armé d’une épée. Au second plan, dans une tente de feutre blanc, un hommes est éténdu, soit qu'ils dorme, soit qu'il soit malade.

Annotations :

2. Folios 79 verso et 80.

Sources textuelles :
Les Mille et une Nuits (trad. A. Galland), 1704-1717

Informations techniques

Notice #023327

Image HD

Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Bibliothèque numérique Gallica, Bibliothèque nationale de France (https://gallica.bnf.fr)