Bienfaisance de Virginie - Debucourt
Analyse
1. Signé et daté sous la gravure à droite : « P. L. Debucourt fecit 1796 »
Légende : « BIENFAISANCE DE VIRGINIE ».
Dans sa version définitive, la gravure était accompagnée en dessous d'un extrait de Paul et Virginie (une phrase supprimée entre crochets et une phrase ajoutée à la fin) :
« Le bon naturel de ces enfans se développoit de jour en jour. Un dimanche, au lever de l’aurore, leurs meres étant allées à la premiere messe à l’église des Pamplemousses, une négresse maronne se présenta [sous les bananiers qui entouroient leur habitation.] Elle étoit décharnée comme un squelette, et n’avoit pour vêtement qu’un lambeau de serpilliere autour des reins. Elle se jeta aux pieds de Virginie, qui préparoit le déjeûner de la famille, et lui dit : « Ma jeune demoiselle, ayez pitié d’une pauvre esclave fugitive ; il y a un mois que j’erre dans ces montagnes demi-morte de faim, souvent poursuivie par des chasseurs et par leurs chiens. Je fuis mon maître, qui est un riche habitant de la Riviere-noire : il m’a traitée comme vous le voyez » ; en même temps elle lui montra son corps sillonné de cicatrices profondes par les coups de fouet qu’elle en avoit reçus. Elle ajouta : « Je voulois aller me noyer ; mais sachant que vous demeuriez ici, j’ai dit : Puisqu’il y a encore de bons blancs dans ce pays il ne faut pas encore mourir ». Virginie, toute émue, lui répondit : « Rassurez-vous, infortunée créature ! Mangez, mangez » ; et elle lui donna le déjeûner de la maison, qu’elle avoit apprêté. L’esclave en peu de moments le dévora tout entier. Virginie la voyant rassasiée lui dit : « Pauvre misérable ! j’ai envie d’aller demander votre grace à votre maître ; en vous voyant il sera touché de pitié. Voulez-vous me conduire chez lui ? — Ange de Dieu, repartit la négresse, je vous suivrai par-tout où vous voudrez ». Virginie appela son frere, et le pria de l’accompagner. <Et ils la reconduisirent à son maître.> »
Informations techniques
Notice #023465