Mme de Tourvel retient Valmont (Liaisons dangereuses, Genève 1792) - Barbier
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Analyse
Le chapeau placé au premier plan de la gravure à gauche constitue un embrayeur visuel pour cette scène extrêmement théâtralisée.
« Mais tout à coup le regard s’est éteint, la voix a manqué, & cette femme adorable est tombée dans mes bras. A peine avais-je eu le temps de l’y recevoir, que, se dégageant avec une force convulsive, la vue égarée & les mains élevées vers le ciel… “Dieu… ô mon Dieu, sauvez-moi !” s’est-elle écriée ; & sur-le-champ, plus prompte que l’éclair, elle était à genoux à dix pas de moi. Je l’entendais prête à suffoquer. Je me suis avancé pour la secourir, mais elle, prenant mes mains qu’elle baignait de pleurs, quelquefois même embrassant mes genoux : “Oui, ce sera vous, disait-elle, ce sera vous qui me sauverez ! Vous ne voulez pas ma mort, laissez-moi ; sauvez-moi ; laissez-moi ; au nom de Dieu, laissez-moi !” Et ces discours peu suivis s’échappaient à peine, à travers des sanglots redoublés. Cependant elle me tenait avec une force qui ne m’aurait pas permis de m’éloigner : alors, rassemblant les miennes, je l’ai soulevée dans mes bras. Au même instant les pleurs ont cessé ; elle ne parlait plus : tous ses membres se sont raidis, & de violentes convulsions ont succédé à cet orage. » (Lettre 99 de Valmont à la Merteuil)
1. Au-dessus de l'image à gauche « Tom. 3. », à droite « Pag. 69. »
Légende sous l'image : « Vous en voulez pas ma mort, laissez-moi ; sauvez-moi ; »
Signé sous l'encadrement à gauche « le Barbier inve. », à droite « Delignon sculp. »
Informations techniques
Notice #003178