Retrouvailles de Mr Andrews et de sa fille (Pamela 1742, vol. 4) - Gravelot
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Analyse
A la lettre XVIII, Mlle Darnford a racontĂ© Ă sa mère l’accouchement de PamĂ©la : elle a eu un fils, baptisĂ© Guillaume (l. XX). A la lettre XXI, PamĂ©la raconte Ă lady Davers la visite de Mr Andrews, le père de PamĂ©la, venu chercher son Ă©pouse, qui a assistĂ© PamĂ©la dans ses couches, pour la ramener avec lui dans le comtĂ© de Kent : la gravure illustre les retrouvailles autour du berceau de Guillaume.   Â
« Je volai incontinent vers lui, & m’agenouillant pour recevoir sa bénédiction. Oh ! mon pere, dis-je en lui montrant cette chere petite créature colée au sein de sa nourrice ; ô mon pere ! voyez comment le Dieu tout-puissant a exaucé nos prieres.
Il tomba Ă genoux, & m’embrassant tendrement, il s’écria d’une voix entrecoupĂ©e : Oh ! ma fille : …. ma bienheureuse fille ! …. je vous vois encore une fois, & je vous vois en bonne santĂ© !… Oui !… Oui ! je vous vois encore !… Oh ! Dieu de misĂ©ricorde, bĂ©ni soit ton saint nom pour ces bienfaits !   Â
Tandis que cet heureux pere & cette heureuse file Ă©toient ainsi unis, pour rendre Ă Dieu leurs actions de graces, l’enfant s’étant endormi, la Nourrice le mit dans le berceau. Mon pere s’étant levĂ© s’approcha de ma mere, disant : Dieu bĂ©nisse ma chere Elisabeth ! je m’impatientois de vous revoir. Il n’y a ici que des sujets de joie ! On ne goĂ»te ici que des plaisirs ! Oh ! que nous sommes heureux ! Prenant ensuite la main de sa chere femme, [177] il s’agenouilla d’un cĂ´tĂ© du berceau, & ma mere de l’autre. Regardant alors tous deux mon cher enfant, & continuant Ă se tenir par la main, il pria de la maniere la plus fervente en sa faveur, demandant Ă Dieu qu’il lui fĂ®t la grace de faire honneur Ă la famille de son pere & Ă la vertu de sa mere ; (ce fut ansi qu’il s’exprima, & pour parler le langage de l’Ecriture, qu’il devĂ®nt grand, & crĂ»t en grace devant le Segneur, & devant les hommes.   Â
Ils se leverent tous deux, & M B…. nous prenant par la main, mademoiselle Darnford & moi (vous devinerez aisĂ©ment, Madame, combin nous Ă©tions attendries ; car vous n’ignorez pas que cette Demoiselle est d’un bon naturel) : ma chere Pamela, dit-il, que tout cela est tendre et touchant !… Avez-vous souvent remarquĂ©, ma chere Demoiselle Darnford, que les PoĂ«tes nous aient dĂ©peints des scenes, qui, comme celle-ci, pĂ©netrent jusqu’au fond du cĹ“ur ? La noble simplicitĂ©, qui l’emporte toujours sur l’art, brille ici dans tout son jour, & l’on est forcĂ© Ă l’admirer. Elle rend une scene oĂą la joie Ă©clate, aussi touchant pour un esprit bienfait, que le pourroit ĂŞtre la vue du plus grand malheur : sans cela, comment celle dont nous venons d’être tĂ©moins auroit-elle agi si efficacement sur votre esprit, & manifesteroit-elle sur vos aimables joues les tendres sentiments qu’elle y a excitĂ©s ? En disant cela, il baisa mademoiselle Darnford & moi.   Â
M. B…. vient de me remettre entre les mains le TraitĂ© de l’éducation des enfants de M. Locke [178], & il m’a ordonnĂ© de lui en dire ma pensĂ©e par Ă©crit. Il fait très-grand cas de cet Ateur, & il m’a dit que ma tendresse pour Guillaume me feroit peut-ĂŞtre trouver un peu rudes quelques-uns des premiers avis qu’il donne. »      Â
A droite du berceau de Guillaume, Paméla est agenouillée, bordant d’une main Guillaume, tenant de l’autre la main de son père. Sa mère, au-dessus d’eux, rajuste la capote du berceau. En allant vers la gauche, on voit Mlle Darnford, puis M. B, puis une srvante. En haut à gauche, les rideaux du lit de la chambre.
1. En haut à droite « Vol. IV. p. 145. » En bas à droite « H. Gravelot inv et sc. ».
Informations techniques
Notice #004496