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Recherche infructueuse

Folie de Lancelot (Lancelot du lac, Ms Fr118) - M. des cleres femmes

SĂ©rie de l'image :
Date :
Entre 1400 et 1415
Nature de l'image :
Enluminure
Français 118, folio 258

Analyse

Devenu fou furieux dans la geĂŽle oĂč il Ă©tait enfermĂ© avec Galehaut et ses compagnons, Lancelot, qui est pauvre et pour qui personne ne paiera de rançon, est finalement relĂąchĂ© par la dame de la Roche, et se retrouve errant dans le camp des assiĂ©geants. La reine GueniĂšvre l’aperçoit depuis son logement, reprĂ©sentĂ© Ă  droite, et envoie Ă  sa rencontre la Dame de Malehaut, qui figure ici en bas Ă  droite en rouge vermillon. Lancelot l’accueille en lui jetant des pierres. N’y pouvant tenir, la reine accourt (en bleu au centre) et Lancelot accepte de la suivre Ă  l’intĂ©rieur. SoignĂ© par la reine, Lancelot recouvre la raison.

Texte du Ms 118 :

« Selon le conte, Ă  prĂ©sent, Lancelot se trouve en ces lieux dans un tel Ă©tat qu’il ne boit ni ne mange, malgrĂ© tous les encouragements qu’on peut lui pordifuer, et toute la journĂ©e il mĂšne une telle douleur que personne n’arrive Ă  le calmer. Son crĂąne se vide et il lui monte Ă  la tĂȘte une telle folie furieuse (si li est montee une folie et une raige o chief si durement) que rien ne lui rĂ©site. Il n’y a pas un de ses compagnons Ă  qui il n’ait fait deux ou trois blessures. Le geĂŽlier finit par l’isoler dans une chambre : il voit bien que sa folie furieuse n’est pas feinte (et voit bien que il est enragiez sanz guille), et il en a lui-mĂȘme grand pitiĂ©. Galehaut le prie alors de le mettre avec Lancelot ; mais l’autre refuse, disant que celui-ci le tuerait. Peu vous importe, mon ami, fait Galehaut : je prĂ©fĂ©rerais qu’il me tue plutĂŽt que d’ĂȘtre sĂ©parĂ© de lui. Mais l’autre avec duretĂ©, n’en veut rien faire. Le bruit s’en rĂ©pand et parvient jusqu’à la dame de la Roche ; elle dĂ©cide d’aller en personne le voir et demande au geĂŽlier qui il est ; il rĂ©pond que les autres disent qu’il n’a pas un denier de terre. Par exemple ! fait-elle, ce serait donc un pĂ©chĂ© mortel de ne pas le laisser aller. Ouvrez-lui plutĂŽt la porte d’en bas. C’était la porte qui faisait face aux hommes du roi Arthur, sur la pente de la Roche et juste au-dessus de l’eau. Il y en avait une autre, qui Ă©tait fermĂ©e magiquement, car rien d’autre ne la fermait que l’air, et tous ceux qui la voyaient croyaient qu’on pouvait y entrer sans aucun obstacle, mais personne ne pouvait le faire, en dehors des assiĂ©gĂ©s ; ils sortaient ou entraient autant qu’ils le voulaient, et cela par la vertu des enchantements. Ainsi, par cette poterne, les assiĂ©gĂ©s faisaient de frĂ©quentes et rapides sorties, et dĂšs qu’ils pouvaient remettre les pieds Ă  l’intĂ©rieur, ils ne craignaient plus rien des assiĂ©geants. Quand Lancelot fut mis dehors, et que Galehaut le sut, ce dernier en Ă©prouva une si grande douleur qu’il en devint presque fou de rage et en perdit le boire et le manger. Lancelot, lui, se retrouve dans le camp des assiĂ©geants, mais tous les redoutent et s’enfuient devant ses extravagances. Il finit par arriver devant le logement de la reine qui regardait Ă  l’une des fenĂȘtres. À sa vue, elle s’évanouit, car la foule le poursuivait comme on fait avec ceux qui ont perdu la raison. Quand elle revient Ă  elle, elle se retrouve entre les bras de la dame de Malehaut et elle lui dit qu’elle se sent mourir. Dame, fait celle-ci, qu’est-ce qui vous a pris ? La reine s’explique et l’autre s’écrie : Ah ! dame, Dieu merci, il n’y a qu’à entrer dans son jeu, car peut-ĂȘtre feint-il la folie pour vous voir ; ou bien, s’il a vraiment perdu la raison, nous le garderons jusqu’à ce qu’il soit guĂ©ri. La reine l’envoie auprĂšs de Lancelot ; elle-mĂȘme s’est d’abord prĂ©cipitĂ©e dans une chambre, craignant de s’évanouir Ă  sa vue ; mais une fois lĂ , elle ne peut tenir et ressort pour le voir. La dame de Malehaut le rejoint et veut le prendre par la main ; mais il court saisir des pierres pour la tuer et elle pousse des cris, comme une femme qu’elle est, et la reine crie aussin pour l’arrĂȘter ; Ă  peine l’a-t-il entendue, qu’il s’assied, se met les deux mains devant les yeux, comme pris de honte, sans plus du tout vouloir se lever. La dame d eMalehaut n’ose plus approcher ; mais la reine GueniĂšvre sort, le prend par la main et lui commande de se lever ; aussitĂŽt il obĂ©it et elle l’emmĂšne dans une chambr eĂ  l’étage. Les dames de sa suite demandent qui il est ; au dire de certaines, c’est un des meilleurs chevaliers du monde. Seule la reine peut le faire tenir en paix : lui donne-t-elle l’ordre de rester tranquille, il ne nbougera plus. Ces rĂ©sultats qu’obtient la reine soulĂšvent l’étonnement gĂ©nĂ©ral. »

Sources textuelles :

Informations techniques

Notice #006878

Image HD

Identifiant historique :
A6197
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
BibliothÚque numérique Gallica, BibliothÚque nationale de France (https://gallica.bnf.fr)