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Recherche infructueuse

Testament expliqué par Ésope (Fables de La Fontaine, Barbin, 1668) - Chauveau

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Date :
1668
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
Rés. Lebaudy in-4 32
Œuvre signée

Analyse

            Si ce qu'on dit d'Ésope est vrai,
            C'était l'oracle de la Grèce,
            Lui seul avait plus de sagesse
Que tout l'Aréopage. En voici pour essai
            Une histoire des plus gentilles,
            Et qui pourra plaire au lecteur.
            Un certain Homme avait trois Filles,
            Toutes trois de contraire humeur :
            Une buveuse, une coquette,
            La troisième avare parfaite.
            Cet Homme, par son testament,
            Selon les lois municipales,
Leur laissa tout son bien par portions égales,
            En donnant à leur Mère tant,
            Payable quand chacune d'elles
Ne posséderait plus sa contingente part.
            Le Père mort, les trois Femelles
Courent au testament sans attendre plus tard.
            On le lit ; on tâche d'entendre
            La volonté du Testateur ;
            Mais en vain : car comment comprendre
            Qu'aussitôt que chacune Sœur
Ne possédera plus sa part héréditaire,
            Il lui faudra payer sa Mère ?
            Ce n'est pas un fort bon moyen
            Pour payer, que d'être sans bien.
            Que voulait donc dire le Père ?
L'affaire est consultée, et tous les Avocats,
            Après avoir tourné le cas
            En cent et cent mille manières,
Y jettent leur bonnet, se confessent vaincus,
            Et conseillent aux Héritières
De partager le bien sans songer au surplus.
            Quant à la somme de la Veuve,
Voici, leur dirent-ils, ce que le Conseil treuve :
Il faut que chaque sœur se charge par traité
            Du tiers, payable à volonté,
Si mieux n'aime la Mère en créer une rente
            Dès le décès du Mort courante.
La chose ainsi réglée, on composa trois lots :
            En l'un, les maisons de bouteille,
            Les buffets dressés sous la treille,
La vaisselle d'argent, les cuvettes, les brocs,
            Les magasins de malvoisie,
Les esclaves de bouche, et, pour dire en deux mots,
            L'attirail de la goinfrerie ;
Dans un autre, celui de la coquetterie :
La maison de la ville et les meubles exquis,
            Les Eunuques et les Coiffeuses,
                        Et les Brodeuses,
            Les joyaux, les robes de prix.
Dans le troisième lot, les fermes, le ménage,
            Les troupeaux et le pâturage,
            Valets et bêtes de labeur.
Ces lots faits, on jugea que le sort pourrait faire
            Que peut-être pas une Sœur
            N'aurait ce qui lui pourrait plaire.
Ainsi chacune prit son inclination ;
            Le tout à l'estimation.
            Ce fut dans la ville d'Athènes
            Que cette rencontre arriva.
            Petits et grands, tout approuva
Le partage et le choix. Ésope seul trouva
            Qu'après bien du temps et des peines
            Les gens avaient pris justement
            Le contre-pied du testament.
Si le Défunt vivait, disait-il, que l'Attique
            Aurait de reproches de lui !
            Comment ! Ce peuple qui se pique
D'être le plus subtil des peuples d'aujourd'hui
A si mal entendu la volonté suprême
        D'un Testateur? Ayant ainsi parlé,
            Il fait le partage lui-même,
Et donne à chaque Sœur un lot contre son gré.
            Rien qui pût être convenable,
            Partant rien aux Sœurs d'agréable.
            A la Coquette, l'attirail
            Qui suit les personnes buveuses.
            La Biberonne eut le bétail.
            La Ménagère eut les coiffeuses.
            Tel fut l'avis du Phrygien,
            Alléguant qu'il n'était moyen
            Plus sûr pour obliger ces Filles
            À se défaire de leur bien,
Qu'elles se marieraient dans les bonnes familles,
            Quand on leur verrait de l'argent,
            Paieraient leur mère tout comptant ;
Ne posséderaient plus les effets de leur Père,
            Ce que disait le testament.
Le peuple s'étonna comme il se pouvait faire
            Qu'un homme seul eût plus de sens
            Qu'une multitude de gens.

Annotations :

1. Signé en bas à gauche « F. C. »
2. Livre II, Fable 20.

Sources textuelles :
La Fontaine, Fables (1668-1692)

Informations techniques

Notice #008857

Image HD

Identifiant historique :
A8176
Traitement de l'image :
Photo numérique
Localisation de la reproduction :
Collection particulière (Cachan)