
Le lièvre et la tortue (Fables de La Fontaine, Barbin, 1668) - Chauveau
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Date :
1668
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Rés. Lebaudy in-4 32
Analyse
Texte de la fable :
Rien ne sert de courir; il faut partir à point :
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.
“Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but. ― Sitôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l’animal léger :
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore.)
― Sage ou non, je parie encore.”
Ainsi fut fait ; et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,
Ni de quel juge l’on convint.
Notre lièvre n’avait que quatre pas à faire,
J’entends de ceux qu’il fait lorsque, prêt d’être atteint,
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse la tortue
Aller son train de sénateur.
Elle part, elle s’évertue,
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu’il y a de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure. A la fin, quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la tortue arriva la première.
“Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi l’emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?”
Rien ne sert de courir; il faut partir à point :
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.
“Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but. ― Sitôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l’animal léger :
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore.)
― Sage ou non, je parie encore.”
Ainsi fut fait ; et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,
Ni de quel juge l’on convint.
Notre lièvre n’avait que quatre pas à faire,
J’entends de ceux qu’il fait lorsque, prêt d’être atteint,
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse la tortue
Aller son train de sénateur.
Elle part, elle s’évertue,
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu’il y a de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure. A la fin, quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la tortue arriva la première.
“Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi l’emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?”
Annotations :
1. Signé « F. C. » vers le bas vers le centre.
2. Livre VI, Fable 10.
2. Livre VI, Fable 10.
Sources textuelles :
Livre Vi, Fable 10, Pléiade p. 222
Informations techniques
Notice #008976
Identifiant historique :
A8295
Traitement de l'image :
Photo numérique
Droits de reproduction / Auteur du cliché :
Cachan, Stéphane Lojkine