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Recherche infructueuse

Le loup et le renard (Fables de La Fontaine, 1679, 4eP)

Date :
1679
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
B241

Analyse

Mais d’oĂą vient qu’au Renard Ésope accorde un point ?
   C’est d’exceller en tours pleins de matoiserie.
   J’en cherche la raison, et ne la trouve point.
   Quand le Loup a besoin de dĂ©fendre sa vie,
   Ou d’attaquer celle d’autrui,
   N’en sait-il pas autant que lui ?
   Je crois qu’il en sait plus ; et j’oserais peut-ĂŞtre
   Avec quelque raison contredire mon maĂ®tre.
   Voici pourtant un cas oĂą tout l’honneur Ă©chut
   A l’hĂ´te des terriers. Un soir il aperçut
   La Lune au fond d’un puits : l’orbiculaire image
   Lui parut un ample fromage.
   Deux seaux alternativement
   Puisaient le liquide Ă©lĂ©ment.
   Notre Renard, pressĂ© par une faim canine,
   S’accommode en celui qu’au haut de la machine
   L’autre seau tenait suspendu.
   VoilĂ  l’animal descendu,
   TirĂ© d’erreur, mais fort en peine,
   Et voyant sa perte prochaine.
   Car comment remonter, si quelque autre affamĂ©,
   De la mĂŞme image charmĂ©,
   Et succĂ©dant Ă  sa misère,
   Par le mĂŞme chemin ne le tirait d’affaire ?
   Deux jours s’étaient passĂ©s sans qu’aucun vĂ®nt au puits ;
   Le temps qui toujours marche avait pendant deux nuits
   EchancrĂ© selon l’ordinaire
   De l’astre au front d’argent la face circulaire.
   Sire Renard Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©.
   Compère Loup, le gosier altĂ©rĂ©,
   Passe par lĂ  ; l’autre dit : Camarade,
   Je veux vous rĂ©galer ; voyez-vous cet objet ?
   C’est un fromage exquis. Le Dieu Faune l’a fait,
   La vache Io donna le lait.
   Jupiter, s’il Ă©tait malade,
   Reprendrait l’appĂ©tit en tâtant d’un tel mets.
   J’en ai mangĂ© cette Ă©chancrure,
   Le reste vous sera suffisante pâture.
   Descendez dans un seau que j’ai mis lĂ  exprès.
   Bien qu’au moins mal qu’il pĂ»t il ajustât l’histoire,
   Le Loup fut un sot de le croire.
   Il descend, et son poids, emportant l’autre part,
   Reguinde en haut maĂ®tre Renard.
   Ne nous en moquons point : nous nous laissons sĂ©duire
   Sur aussi peu de fondement ;
   Et chacun croit fort aisĂ©ment
   Ce qu’il craint et ce qu’il dĂ©sire.

Annotations :

1. Gravure non signée.
2. 4e partie, Livre V, Fable 6.

Sources textuelles :
La Fontaine, Fables (1668-1692)

Informations techniques

Notice #009013

Image HD

Identifiant historique :
A8332
Traitement de l'image :
Photo numérique