Mlle de Fontange déniaisée au sortir du couvent (Juliette, VI, fig. 59)
Notice précédente Notice n°59 sur 60 Notice suivante
Analyse
Juliette, après un long voyage en Italie, est de retour en France. Elle a fait sortir du couvent Fontange, la fille de Mme de Donis, une libertine qu'elle avait connue quelques temps auparavant et dont elle s'était débarrassée lors d'une orgie. Elle désire maintenant profiter de cette jeune fille qui ne connaît rien au libertinage et l'éduquer. Pour cela, elle fait appel à quatre femmes : « Phryné, Laïs, Aspasie et Théodore ; toutes quatre de seize à dix-huit ans, et plus belles que Vénus » (Sade, Œuvres t. III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », p. 1240). Elle s'enferme ensuite chez elle et ordonne la scène que représente la gravure.
Juliette, adossée à une ottomane, lèche les fesses de Fontange positionnée à droite de l’image. Fontange a en même temps les fesses baisées par Aspasie et le sexe pollué par Phryné. En-dessous de Juliette, entre ses cuisses, sont positionnées Théodore et Laïs : la première lèche le sexe de Juliette et la seconde lèche ses fesses. Les corps s’imbriquent à la perfection dans cette position qui prend la forme d'une pyramide typiquement sadienne. Celle-ci assure la jouissance du groupe plutôt que celle d'un seul sujet.
La gravure peut être un écho du début du roman et des deux premières illustrations de Juliette : on pouvait y voir sur celles-ci l’héroïne entourée d'autres filles. A ce moment dans un couvent, c'est Juliette qui connaissait ses premières orgies. Le roman revient au point de départ en montrant l'évolution du personnage : c'est maintenant elle qui assume le rôle d'institutrice. Juliette passe ainsi de novice à experte : elle sort de ses aventures éduquée, initiée, porteuse d'un savoir qu'elle n'avait pas au commencement du récit.
La pièce dans laquelle se trouvent les personnages fait partie de la maison de Juliette, meublée et décorée grâce à la pension de Fontange, qui s'élève à « cinq cent mille francs » (p. 1238). Au fond à gauche se trouve une porte fermée : les personnages sont ainsi confinés dans un espace clos qui laisse libre cours aux fantasmes des libertins.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. X. », à droite « P. 312. »
Informations techniques
Notice #014592