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Recherche infructueuse

La fille de Jephté et ses compagnes (The Holy Bible, Mame, 1866) - G. Doré

Description

Jephté avait fait vœu, s'il triomphait des Ammonites, de sacrifier à Yahvé la première personne qu'il rencontrerait à son retour. Or il rencontre d'abord sa fille. Celle-ci accepte son sort, mais à une condition :

Puis elle dit à son père : Que ceci me soit accordé ! Laisse-moi seule pendant deux mois. Je m'en irai errer sur les montagnes et, avec mes compagnes je pleurerai sur ma virginité. 
Les deux mois écoulés, elle revint vers son père et il accomplit sur elle le vœu qu'il avait prononcé. Elle n'avait pas connu d'homme.  (Juges 11, 37-39)

En plus de la scène traditionnelle de la rencontre entre Jephté et son père, Doré évoque ici l'errance dans les montagnes, un épisode rarement représenté. Un soir sur une butte qui domine la plaine, les jeunes filles fatiguées par une journée de marche prennent un peu de repos. Jephté au centre est entourée de sept jeunes filles. Aucune d'elles ne la regarde.

Au premier plan, deux jeunes filles encadrent la scène : celle de gauche, dans l’ombre, sombre et triste, regarde le sol, alors que celle de droite regarde le ciel comme si elle l’invoquait et en recevait la lumière. Cette femme allongée entre la vie et la mort reprend un motif iconographique célèbre, qu'on trouve dans le Déluge de Michel-Ange à la chapelle Sixtine, la Peste d'Athènes de François Perrier, ou la gravure de Van Miéris pour le livre VI du De rerum natura

Quant à la composition d'ensemble, elle reprend la structure classique du Parnasse de Raphaël pour la Chambre de la Signature au Vatican, ou dans une moindre mesure celle du Parnasse de Poussin au Prado, avec à chaque fois le même motif encadrant de la femme allongée.

Doré détourne cette structure apollinienne dédiée à la célébration joyeuse des arts : certes, les vierges qui accompagnent la fille de Jephté sont supposées passer deux mois à chanter, comme les Muses du Parnasse. Mais il s'agit de chants funèbres, et ici, épuisées, elles sont sans voix. Le dispositif rappelle la gloire du chant et retourne celle-ci en évocation funèbre.

History :

1. Signé en bas de la gravure à gauche « G. Doré », à droite « AGUSMAND sc. »

Textual Sources :
Juges

Technical Data

Notice #020944

Image HD