Célion & Bellinde à la fontaine des sycomores (L’Astrée, 1733, I, 10) - Gravelot
Notice précédente Notice n°10 sur 60 Notice suivante
Analyse
L'histoire de Célion et Bellinde est une histoire racontée par Céladon à Sylvie à la fin du livre 10 de la 1ère partie. Célion et Bellinde sont les parents de Diane. Ergaste, promis en mariage à Bellinde qui ne l'aime pas, assiste caché aux adieux de Bellinde et de Célion, le berger qui l'aime.
« Ergaste, qui ce matin s’estoit levé de bonne heure pour la venir voir, de bonne fortune l’aperceut de loing, et voyant comme elle s’en alloit seule, et qu’il sembloit qu’elle cherchoit les sentiers plus couverts, eut volonté de sçavoir où elle alloit. Cela fut cause que la suivant de loing, il vit qu’elle prenoit le chemin de la fontaine des Sycomores, et jettant la veue un peu plus avant, encor qu’il fust fort matin, il prit garde qu’il y avoit desja un troupeau qui paissoit. Luy qui estoit tres advisé et qui n’estoit point tant ignorant des affaires de ceste bergere, qu’il n’eust ouy dire l’amitié que Celion luy portoit, entra soudain en quelque opinion que c’estoit là son trouppeau, et que Bellinde l’y alloit trouver. Encor qu’il n’eust point de doute de la pudicité de sa maistresse, si est-ce qu’il creut facilement qu’elle ne le hayssoit point, luy semblant qu’une ci longue recherche n’eust pas esté si fort continuée si elle luy eust esté desagreable. Et pour satisfaire à sa curiosité, aussi tost qu’il la vid sous les arbres, et qu’elle ne le pouvoit plus appercevoir, prenant le tour un peu plus loing, il se cacha entre quelques buissons, d’où il apperceut la bergere assise sur les gazons qui estoient relevez autour de la fontaine en façon de sieges, et Celion à genoux aupres d’elle. »
On pouvait croire qu'un pareille scène déclencherait la jalousie d'Ergaste. C'est tout le contraire qui se produit. D'abord cette scène est le moment où Bellinde prend conscience de son amour pour Célion. Ensuite, Ergaste, loin de se fâcher, éprouve de l'admiration pour Bellinde : il la délie de son engagement avec lui, va chercher Célion et permet le mariage des deux amants.
Dans cette version galante, Célion est beaucoup plus entreprenant que dans la version du XVIIe siècle !
1. Signé en bas à droite sous la gravure : « Gravelot Inv. & fec. »
En haut à droite : « I. Part. 440. »
2. Après la p. 440.
Informations techniques
Notice #012599