Bernole tué au pistolet (Juliette, III, fig. 24)
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Analyse
Alors que Juliette est un jour chez elle, un inconnu vient lui révéler qu'il est son véritable père. Il s'agit de Bernole, le cousin de la mère de Juliette. Il était destiné en mariage à sa mère quand un autre parti se présenta. Juliette, qui pensait ses parents morts, y voit l'occasion de combler un fantasme incestueux. Elle parvient donc à le séduire, jusqu'à ce que Bernole, oubliant les lois « de l'honneur et de la probité, qui l'avaient si bien contenu jusqu'alors » (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 600), la prenne par derrière. C'est à ce moment que les complices de Juliette – son institutrice Clairwil, le ministre Saint-Fond, et Noirceuil – se révèlent. Dans une mise en scène planifiée à l'avance, ils feignent de forcer Juliette à tuer son père qu'ils garrottent sur une chaise fixée au sol par de « grands clous à terre » (p. 602), tandis qu’eux s’allongent sur un canapé.
C'est ce moment que la gravure représente. Saint-Fond se positionne derrière Juliette qui met en joue son malheureux père. Clairwil embrasse le ministre et caresse Juliette. Noirceuil, quant à lui, pollue Saint-Fond. Le pistolet fait office de prolongement des sexes masculins et conditionne le plaisir des quatre libertins : quand Juliette presse la gâchette et que son père, atteint au front, meurt, les libertins déchargent tous « en jetant des cris furieux » (ibid.).
La décoration du lieu est celle d'un cabinet galant, avec au fond à gauche un vase précieux dans une niche et sur la droite une tenture représentant un oiseau exotique. Entre Bernole et les libertins, une table avec un verre, une corbeille de fruits et une carafe de vin annonce la collation qui va suivre le parricide.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. VII. », à droite « P. 119. »
Informations techniques
Notice #013027