Supplice de la famille de Carle-Son (Juliette, V, fig. 44)
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Analyse
Juliette se trouve chez Brisa-Testa, le frère et mari de son ancienne institutrice Clairwil. Se déroulent alors plusieurs orgies. Pendant l'une d'elles, la famille de Carle-Son, un homme de main de Brisa-Testa, est torturée. Carle-Son l’a lui-même emmenée pour l'offrir aux caprices des libertins. Douze personnes sont ainsi présentes : du côté des « actifs » (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 1006), c'est-à-dire des bourreaux, participent Brisa-Testa, Clairwil, Sbrigani l'homme à tout faire de Juliette, Carle-Son, Olympe l'intime de Juliette, et Juliette elle-même ; et du côté des « patients », c’est-à-dire des victimes, sont présentes Elise et Raimonde, deux femmes au service de Juliette, ainsi que la famille suppliciée : Rosine la femme de Carle-Son, ses deux filles Ernelinde et Christine, et son fils Francisque. Dans un premier temps, la famille est torturée : Francisque expire sous les coups de Clairwil ; Ernelinde est garrotée vive dans le ventre de sa mère que les libertins ont ouvert au scalp puis recousu ; et Christine est liée sur le dos de sa mère. Les victimes qui restent sont ensuite placées « droites sur la table » (p. 1012) pour le souper. Après quelques heures, les libertins s'endorment ; ils ne se réveilleront que bien plus tard.
C'est ce moment qui est représenté sur la gravure : il s'agit de la seule de tout le roman qui représente non l’orgie elle-même, mais son résultat. Les positions sont à peu près conservées, mais les libertins sont endormis, comme on le voit au relâchement de leurs membres. Même les victimes, censées être debout sur la table, se sont endormies dans ce qui semble être un immense plat posé sur la table, qui remplace la nourriture attendue et suggère l'anthropophagie des libertins.
Juliette se réveille alors et constate les positions prises par chacun pendant la nuit : positionnée au milieu de la gravure, elle a le visage sous les fesses remplies d'excréments de Carle-Son qui prenait Olympe avant de s’endormir. Derrière Juliette se tient Brisa-Testa assoupi et en érection : il est censé d'après le texte avoir la tête sous les fesses de Raimonde. Quant à Sbrigani, il « ronfl[e] dans les bras d'Elise » (p. 974) sur la gauche. D’autres corps ou têtes sont présents, sans doute Clairwil et Raimonde ivres ou endormis.
La pièce dans laquelle se trouvent les personnages est sans fenêtres, faiblement éclairée par des chandeliers. Deux bouteilles sont posées sur la table, une est renversée à terre à gauch. Au fond, deux portes fermées avec des dessus-de-portes se fondent dans les lambris : il n'y a pas d'échappée vers un espace vague hors scène.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. IX. », à droite « P. 228. »
Informations techniques
Notice #013666