Chez Minski, traitement des femmes malades (Juliette, IV, fig. 30)

Juliette voyage en Italie avec ses gens, à savoir son homme à tout faire Sbrigani, ainsi qu’Augustine et Zéphir. Dans l'Apennin, ils font la rencontre du géant Minski, un libertin qui enlève ceux qui s'approchent de son territoire. Mais Juliette et son groupe sont invités dans sa demeure. Un chemin périlleux les y conduit, puis Minski leur fait visiter sa maison, composée de nombreuses salles dans lesquelles sont enfermées toutes ses victimes. Une de ces salles est dédiée aux « femmes blessées par les intempérances de l'ogre ». Minski se réserve le droit, si une femme a une blessure sérieuse ou une maladie contagieuse, de la jeter dans une cour « remplie d'ours, de lions, de léopards et de tigres », qui la dévorent en « moins de trois minutes » (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 722).

La gravure représente un coin de cette cour. Un ours et trois félins dévorent trois femmes. Derrière les ouvertures et les fenêtres du bas se trouve une écurie. Minski a jeté ses victimes en pâture aux bêtes à l'appui de son discours : depuis la fenêtre de l'étage on l'aperçoit avec Juliette et deux femmes, qui observent la scène. Dans le texte, Juliete décharge à la simple vue du dispositif mis en place. La troisième femme vient à peine d’être jetée à la renverse, elle tombe. Les libertins assistent au spectacle offert par Minski comme dans la loge d’un théâtre. Leur nombre correspond au nombre d’animaux présents dans la fosse : ils semblent se projeter dans les bêtes, qui figurent en quelque sorte leurs appétits bestiaux.