Juliette & ses femmes offertes à Brisa-Testa & à Sbrigani (Juliette, V, fig. 39)

Juliette, après avoir quitté Rome, a été faite prisonnière avec ses gens – son homme à tout faire Sbrigani, Elise et Raimonde – chez un certain Brisa-Testa. Il les fait comparaître devant lui en présence de sa femme, qui est aussi sa propre sœur. Mais coup de théâtre, sa femme s'avère être Clairwil, l'ancienne amie et institutrice de Juliette, qu'elle avait quittée au moment de son départ précipité vers l’Italie. Ce sont donc des retrouvailles entre libertins qui ont lieu. De plus, Olympe, une intime de Juliette, s'est faite entre temps enlever par les hommes de Brisa-Testa en voulant suivre les traces de son amie. Elle participe également aux retrouvailles générales. Sont ainsi rassemblés les trois libertines, qui vont devenir inséparables pendant un temps, Brisa-Testa, Sbrigani et les deux femmes au service de Juliette. Pour célébrer cela, une orgie est organisée.

Dans un premier temps, Brisa-Testa place les cinq femmes « sur le même rang, appuyées sur un large sopha, les reins bien en l'air » (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 914), pendant qu’il les observe avec Sbrigani en se polluant. Puis, ils les prennent chacun une par une.

C'est le moment d'observation qui est représenté sur la gravure. Les fesses des cinq femmes sont alignées sans aucune distinction. Elles sont encadrées par les deux hommes dont les regards pointent en direction du centre, tout comme leurs sexes en érection. Au premier plan, un vêtement est à terre : chiffonné, il dessine les contours d'un visage, et fait office d'embrayeur visuel.

La pièce paraît très petite, tout juste de la longueur du sopha. Elle paraît également très sombre, seulement éclairée par un petit lustre. On ne distingue aucune ouverture, ce qui confine les personnages dans un espace secret les mettant à l'abri de tout regard extérieur.