Les Deux mulets (Fables de La Fontaine, Barbin, 1668) - Chauveau
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Analyse
Au premier plan les deux mulets constituent lâespace restreint, ou espace de la scĂšne proprement dite, dĂ©limitĂ© derriĂšre eux par la bordure du chemin creux. Le mulet du fisc est Ă terre et se lamente car il vient de se faire voler lâargent de la gabelle par lâennemi, qui dans le feu de lâaction lâa rouĂ© de coups. Le mulet du meunier redresse au contraire fiĂšrement la tĂȘte et lui adresse la morale de la fable :
« Il nâest pas toujours bon dâavoir un haut emploi :
Si tu nâavais servi quâun Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade. »
A lâarriĂšre-plan, on distingue Ă gauche les soldats arme au poing sâĂ©loignant sur le chemin. Lâespace vague ne dĂ©signe pas tant ici un autre lieu quâun autre moment du rĂ©cit : le moment prĂ©cĂ©dent de lâassaut de la soldatesque, que commente au premier plan lâĂąne du meunier.
Lâarticulation entre les deux protagonistes de lâespace restreint se fait par diffĂ©rence : par le jeu diffĂ©rentiel entre lâĂąne batonnĂ© Ă terre Ă gauche et lâĂąne triomphant Ă droite.
Le texte de la fable :
Deux Mulets cheminaient ; lâun dâavoine chargĂ© ;
Lâautre portant lâargent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux dâune charge si belle,
NâeĂ»t voulu pour beaucoup en ĂȘtre soulagĂ©.
Il marchait dâun pas relevĂ©,
Et faisait sonner sa sonnette ;
Quand, lâennemi se prĂ©sentant,
Comme il en voulait Ă lâargent,
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein, et lâarrĂȘte.
Le Mulet, en se défendant,
Se sent percé de coups, il gémit, il soupire :
Est-ce donc lĂ , dit-il, ce quâon mâavait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire ;
Et moi jây tombe, et je pĂ©ris.
Ami, lui dit son camarade,
Il nâest pas toujours bon dâavoir un haut emploi :
Si tu nâavais servi quâun Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade.
1. Signé « F. C. » en bas au centre.
2. Livre I, Fable 4.
Informations techniques
Notice #001580