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Recherche infructueuse

Justine Ă  la roue chez Cardoville (Nlle Justine, ch20, fig38)

Date :
Entre 1797 et 1799
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
Enfer 2507 (4)

Analyse

Justine faussement accusée de l’incendie d’une auberge en réalité perpétré par la Dubois, une libertine, est emprisonnée à Lyon. Elle écrit à Saint-Florent, son ancien bourreau, pour lui demander son secours. Mais Saint-Florent est un ami d’enfance de M. de Cardoville, le juge de Justine, libertin comme son ami.
On emmène donc Justine dans le château de Cardoville, Ă  l’écart de Lyon, oĂą celui-ci veut en jouir avec un autre de ses amis, Dolmus. Sont prĂ©sents Ă  cette orgie Cardoville et ses deux enfants, Nicette et Brumeton ; Dolmus et ses deux enfants, Zulma et Volcidor ; les quatre valets qui ont emmenĂ© Justine, Ă  savoir Julien, Larose, Fleur-d'amour et Saint-Clair ; et « deux Africains » (p. 1091).
La composition rassemble donc douze personnages, auxquels il faut ajouter Justine exposée sur une roue, ce qui peut parodier les douze apôtres et le Christ martyr. Les spectateurs du supplice s'organisent en deux groupes : chaque fille est prise par derrière par son père, lui-même pris par un Africain. Les frères des filles les prennent par devant, pendant qu'ils sont eux-mêmes pris par un valet, et qu'ils en polluent un autre de leurs mains.

Juste après cette scène libertine, l'assemblĂ©e reproduit en Ă©cho le mouvement de la roue : « l'assemblĂ©e se forme en cercle Â» (p. 1094) autour de Justine et tourne autour d'elle en lui infligeant des sĂ©vices jusqu'au sang. Les douze spectateurs du supplice de la roue ne sont donc pas de simples spectateurs : leur vision est performative, ils participent au spectacle. Avant mĂŞme qu'ils ne passent Ă  proprement parler Ă  l'action, la gravure reprĂ©sente leur dĂ©filĂ© devant la roue, sur le modèle (ici tournĂ© en dĂ©rision) du dĂ©filĂ© des fidèles devant un polyptyque de peinture religieuse.

Le principe gĂ©nĂ©ral de la reprĂ©sentation est la compression : compression du corps de Justine sur la roue, compression des corps des douze libertins pressĂ©s les uns contre les autres, qui les conduit Ă  une dĂ©charge globale : « tout le monde dĂ©charge Â». Le groupe orgiaque tend Ă  constituer un seul corps multiple jouissant.

Face à la porte fermée à droite, la roue est posée comme un œil géant sur une estrade polygonale dont le bord droit établit un cône visuel pointant vers la porte. Entre la roue et la porte, un des deux groupes fait écran au regard d'un éventuel curieux qui s'aviserait d'entrer.

Annotations :

1. Au-dessus de la gravure Ă  gauche « T. IV. Â», Ă  droite « P. 338. Â»

Sources textuelles :
Sade, Donatien Alphonse François, marquis de (1740-1814)

Informations techniques

Notice #001676

Image HD

Identifiant historique :
A0995
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Bibliothèque numérique Gallica, Bibliothèque nationale de France (https://gallica.bnf.fr)