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Recherche infructueuse

Martyre de saint Érasme - Poussin

Date :
Entre 1628 et 1629
Nature de l'image :
Peinture sur toile
Dimensions (HxL cm) :
320x186 cm
Lieu de conservation :
Pinacothèque, inv. 40349

Analyse

Saint Érasme de Formia, martyrisé sous Dioclétien en 303, aussi connu sous le nom de saint Elme, est le saint patron des marins. Le feu de Saint-Elme est nommé en son honneur. Les Actes de saint Elme ont été en partie compilés à partir de légendes qui le confondent avec un évêque syrien, Érasme d’Antioche. Quand la ville de Formies fut rasée par les Sarrasins en 824, la dépouille d’Érasme fut transféré à Gaète.
Le martyre de saint Érasme : après lui avoir enfoncé une alène sous chaque ongle des doigts, les bourreaux l’auraient brûlé au fer rouge et arrosé d’’huile bouillante. La légende des intestins dévidés aurait été forgée au XIVe siècle à Gaète où se trouvait son tombeau. Les vêtements épiscopaux d’Érasme sont déposés au bas du tableau. Un prêtre païen vêtu de blanc se penche sur lui et lui montre l’idole qu’il aurait dû révérer, probablement un Hercule, à cause de sa massue. Tandis que l’un des bourreaux dévide l’intestin d’Érasme, un autre derrière lui tourne la manivelle qui permet de l’enrouler. En haut à gauche, un cavalier romain désigne le martyr à ce second bourreau, probablement en lui donnant l’ordre de tourner la manivelle. Au-dessus d’eux, deux anges portent la couronne et la palme du martyre.
Contrairement au saint Érasme de Thierry Bouts, celui de Poussin est disposé de telle manière qu’il ne voit pas ses intestins se dévider : son propre corps y fait écran. Son visage exprime la douleur, alors que celui de Bouts est impassible. Mais c’est une douleur modérée, décente, agréable à regarder.
Tout le tableau s’ordonne à partir de l’opposition d’Érasme en bas à gauche et d’Hercule en haut à droite : les deux visages se ressemblent a point qu’on peut se demander s’ils n’ont pas été réalisés à partir du même modèle. Poussin ne suggère-t-il pas là une équivalence peu chrétienne ?
On peut difficilement faire une lecture chrétienne du tableau, du bas corporel vers le haut spirituel : Hercule est au même niveau que les anges du martyre... En revanche, la coupure sémiotique des spectateurs-acteurs du martyre, qui sépare le tableau entre l’espace du corps, en bas, et la représentation religieuse abstraite, en haut, est évidente : le tableau fonctionne comme signe. En haut la statue d’Hercule comme la couronne brandie par les anges signifient la Foi : le haut est le lieu du signifiant, le lieu où il est proclamé. En bas, est représenté ce que signifient les proclamations d’en haut, ce qui les légitime : le corps, souffrant avec grâce, du martyr.

Annotations :

1. En bas Ă  gauche « Nicolaus Pusin fecit Â».

2. Le Martyre de Saint Erasme est la première Ĺ“uvre publique de Nicolas Poussin Ă  Rome, oĂą il s’était installĂ© en 1624. L’œuvre Ă©tait destinĂ©e Ă  l’autel du transept droit de la Basilique Saint-Pierre, dans lequel sont conservĂ©es les reliques du Saint. Le tableau y resta jusqu’au XVIIIe siècle, avant d’être remplacĂ© par une copie en mosaĂŻque et transfĂ©rĂ© au palais pontifical du Quirinal. En application du TraitĂ© de Tolentino, il fut transfĂ©rĂ© Ă  Paris, puis après sa restitution entra dans la Pinacothèque du Vatican de Pie VII (1820). 
A l’origine, le retable d’autel avait Ă©tĂ© commandĂ© Ă  Pietro da Cortona, puis il passa en 1628 Ă  Poussin qui le termina l’annĂ©e suivante, en suivant les dessins prĂ©paratoires de Pietro da Cortona.

Composition de l'image :
Supplice, exécution, torture

Informations techniques

Notice #001681

Image HD

Identifiant historique :
A1000
Traitement de l'image :
Scanner
Localisation de la reproduction :
Collection particulière
Bibliographie :
Carlo Pietrangeli, Les Peintures du Vatican, Mengès, 1996
n° 471, p. 495
P. Rosenberg et L. A. Prat, Nicolas Poussin (cat), RMN, 1994
n° 26, p. 172