1001 nuits. La lampe merveilleuse (Cabinet des fées, t10, 1785) - Marillier
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Analyse
Histoire dâAladdin, ou la lampe merveilleuse.
Dans la capitale du royaume de Chine, un pauvre tailleur, Mustafa, avait un fils, Aladdin, trĂšs mal Ă©levĂ©. Le pĂšre meurt de chagrin devant le libertinage de son fils. Sa mĂšre ferme boutique. Un magicien vient Ă passer, le magicien africain. Il se fait passer pour lâoncle dâAladdin et entre dans les bonnes grĂąces de sa mĂšre. Puis il emmĂšne Aladdin visiter des palais : ils marchent de jardin en jardin, puis au delĂ des jardins jusquâau pied des montagnes. LĂ il fait apparaĂźtre par magie une pierre avec un anneau. Seul Aladdin peut soulever cette pierre, en prononçant le nom de son pĂšre et de son grand-pĂšre. Le magicien lui demande dâaller y chercher une lampe qui se trouve au bout de trois salles et dâun jardin, sans rien toucher dâautre, et lui donne un anneau pour le prĂ©server de tout danger.
Aladdin nâa permission que de cueillir les fruits du jardin, qui sont en pierres prĂ©cieuses. Il se charge de fruits Ă son retour et demande au magicien qui lâattend Ă la sortie de lâaider Ă monter les derniĂšres marches. Le magicien lui demande tout de suite de lui donner la lampe, ce quâAladdin refuse : il est trop encombrĂ© !
Furieux, le magicien referme le caveau et sâen va, laissant Aladdin enfermĂ©.
« Aladdin demeura deux jours en cet Ă©tat, sans manger & sans boire : le troisiĂšme jour, enfin, en regardant la mort comme inĂ©vitable, il Ă©leva les mains en les joignant ; & avec une rĂ©signation entiĂšre Ă la volontĂ© de dieu, il sâĂ©cria : Il nây a de force & de puissance quâen dieu, le haut, le grand. Dans cette action de mains jointes, il frotta sans y penser lâanneau que le magicien afriquain lui avoit mis au doigt, & dont il ne connoissoit pas encore la vertu. AussitĂŽt un gĂ©nie, dâune figure Ă©norme & dâun regard Ă©pouvantable, sâĂ©leva devant lui comme de dessous la terre, jusquâĂ ce quâil atteignĂźt de la tĂȘte Ă la voĂ»te, & dit Ă Aladdin ces paroles : Que veux-tu ? me voici prĂȘt Ă tâobĂ©ir comme ton esclave, & lâesclave de tous ceux qui ont lâanneau au doigt, moi & les autres esclaves de lâanneau.
En tout autre temps, & en toute autre occasion, Aladdin, qui nâĂ©toit ps accoutumĂ© Ă de pareilles visions, eĂ»t pu ĂȘtre saisi de frayeur, & perdre la parole Ă la vue dâune figure si extraordinaire ; mais occupĂ© uniquement du danger prĂ©sent oĂč il Ă©toit, il rpĂ©ondit sans hĂ©siter : Qui que tu sois, fais moi sortir de ce lieu, si tu en as le pouvoir.  »
Mais plusieurs dĂ©tails sur la gravure ne correspondent pas au texte face auquel elle est insĂ©rĂ©e : quel est le personnage agenouillĂ© devant Aladdin ? Dans la caverne, Aladdin et le gĂ©nie sont seuls. Pourquoi Aladdin tient-il la lampe dans ses mains ? Dans le texte, câest avec la bague du magicien quâil fait apparaĂźtre alors le gĂ©nie, et non avec la lampe. Pourquoi voit-on derriĂšre Aladdin une porte avec un rideau, comme dans lâintĂ©rieur dâune piĂšce de maison et non comme dans une grotte ?
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   En fait, la gravure illustre la deuxiĂšme apparition du gĂ©nie, aprĂšs quâAladdin est revenu chez sa mĂšre. Celle-ci se prĂ©pare Ă partir vendre la lampe au marchĂ©, car il nây a plus rien Ă manger. Elle frotte la vieille lampe qui est sale, et le gĂ©nie apparaĂźt, prononçant les mĂȘmes paroles que la 1Ăšre fois (dâoĂč la confusion du relieur) :
« La mĂšre dâAladdin prit la lampe oĂč elle lâavoit mise. La voilĂ , dit-elle Ă son fils, mais elle est bien sale ; pour peu quâelle soit nettoyĂ©e, je crois quâelle en vaudra quelque chose davantage. Elle prit d elâeau& un peu de sable fin pour la nettoyer ; mais Ă peine eut-elle commencĂ© Ă frotter cette lampe, quâen un instant, en prĂ©sence de son fils, un gĂ©nie hideux & dâune grandeur gigantesque sâĂ©leva & parut devant elle, & lui dit, dâune voix tonnante : Que veux-tu ? me voici prĂȘt Ă tâobĂ©ir, comme ton esclave, & de tous ceux qui ont la lampe Ă la main, moi avec les autres esclaves de la lampe.
La mĂšre dâAladdin nâĂ©toit pas en Ă©tat de rĂ©pondre : sa vue nâavoit pu soutenir la figure hideuse & Ă©pouvantable du gĂ©nie ; & sa frayeur avoit Ă©tĂ© si grande, dĂšs les premiĂšres paroles quâil avoit prononcĂ©es, quâelle Ă©toit tombĂ©e Ă©vanouĂŻe.
Aladdin, qui avoit dĂ©jĂ eu une apparition Ă -peu-prĂšs semblable dans le caveau, sans perdre de temps ni le jugement, se saisit promptement d ela lampe ; & en supplĂ©ant au dĂ©faut de sa mĂšre, il rĂ©pondit pour elle dâun ton ferme. Jâai faim, dit-il au gĂ©nie, apporte-moi de quoi manger. »
1. En haut à gauche « Les Mille et une Nuit », à droite « Tom. 10. pag. 385. »
LĂ©gende dans le cartouche : « Que veux-tu ? me voici prĂȘt a tâobĂ©ir com[m]e ton Esclave, | et de tous ceux qui ont la Lampe a la main. »
Signé sous le cartouche à gauche « C. P. Marillier dir. » à droite « Le Beau Sc. »
Gravure insérée par erreur aprÚs la p. 384 et non avant la p. 385 comme préconisé en haut à droite (pas dans le bon sens donc), la phrase débute en italiques à la 8e ligne de la p. 385.
Le texte mis en rapport avec la gravure nâest de toutes façons pas le bon. Le gĂ©nie rĂ©pĂšte les mĂȘmes paroles lors de sa 2e apparition, dans la maison dâAladdin et de sa mĂšre, dix pages plus loin. Voir la p. 393.
Informations techniques
Notice #016869