Un loup apparaît (Songe de Poliphile, 1546, F4r) - Jean Goujon
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Analyse
Poliphile face au loup se trouve sans voix. Le texte joue sur l’expression populaire grecque lukon idein, au propre voir le loup, au figurer, rester muet. La voix qui manque répond à la voix mystérieuse face à la fontaine. Si la rencontre avec le loup évoque le chant I de l’Enfer de Dante, la vision de l’édifice antique pourrait renvoyer à la découverte par Perceval du château du Roi Pécheur, également sous la forme d’une tour : « Lors devant lui an un val / le chief d’une tor qui parut ». L’édifice a été rapproché également du mausolée d’Halicarnasse décrit par Pline (XXXVI,30) et dessiné à la Renaissance d’après cette description ; on a parlé enfin du temple de la Fortune à Palestrina, le fief de la famille romaine des Colonna. A gauche, la forêt est un « bois de palmiers », chargés de fruits. Les Anciens, nous dit le texte, ont donné à ces feuilles le nom de palmes qui signifie victoire parce qu’elles « résistent à toute charge et pesant faix, sans qu’on les puisse prosterner ». Est-ce à comprendre que la
1. « En ce lieu n’y avait aucune habitation ; toutefois en cheminant entre ces arbres sur main gauche m’apparut un loup courant la gueule pleine, par la vue duquel les cheveux me dressèrent en la tête, et voulus crier mais ne me trouvai point de voix. Aussitôt qu’il m’aperçut, il s’enfuit dedans le bois. Quoi voyant, je retournai aucunement en moi, et levant les yeux devers celle part où les montagnes s’assemblaient, je vis un peu à côtières une grande hauteur en forme d’une tour, et là auprès un bâtiment qui semblait imparfait toutefois à ce que j’en pouvais juger, c’était de structure antique. »
Informations techniques
Notice #001915