Cinq demoiselles invitent Poliphile (Songe de Poli., 1546, F24r) - Jean Goujon
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Analyse
TerrifiĂ© parce quâil a cru entendre battre les ailes du dragon, Poliphile se retourne et fait une priĂšre. Il entend alors des chants et, Ă travers les branches il voit arriver cinq demoiselles richement vĂȘtues. Poliphile craint dâavoir profanĂ© un lieu saint et demeure interdit. Les demoiselles le rassurent : il est arrivĂ© dans « le manoir de tout plaisir », « la contrĂ©e oĂč abondent toute joie et soulas », bref la quintessence du « locus amĆnus ». Câest le royaume de la reine ĂleuthĂ©rilide (Libre-Arbitre / LibĂ©ralitĂ©). Le vase que porte la demoiselle de gauche est « certain vase dâor et de pierrerie, plein de savon muscat, et autres senteurs », car ces demoiselles se rendent au bain. Les demoiselles se nomment AphaĂ© (Attouchement), Osphrasie (Odorer), Horasie (Vue), AcoĂ© (OuĂŻe) reconnaissable Ă lsa lyre (plutĂŽt ici une viole), et Geusie (GoĂ»t) portant le vase : elles reprĂ©sentent donc les cinq sens. Mais le graveur nâa pas reprĂ©sentĂ© tous les attributs : les boĂźtes et le linge dâAphaĂ©, le miroir dâHorasi
1. Texte :
« Quand elles mâeurent aperçu, tout incontinent sâarrĂȘtĂšrent et cessĂšrent de chanter regardant lâune lâautre sans mot dire, en sorte quâil semblait quâelles fussent Ă©bahies de me voir, comme si ce leur eĂ»t Ă©tĂ© chose Ă©trange et nouvelle, puis se joignant ensemble furent un petit de temps murmurant Ă lâoreille lâune de lâautre, et plusieurs fois sâĂ©bahirent de me voir, comme si jâeusse Ă©tĂ© quelque fantĂŽme. HĂ©las, je lme sentais adonc renverser et remuer toutes les entrailles, comme feuilles battues du vent, car je nâĂ©tais encore bien assurĂ© de la peur que jâavais passĂ©e. Qui plus est je ne connaissais rien plus de la condition humaine, et craignais quâune telle vision mâadvĂźnt, que jadis fit Ă SĂ©mĂ©lĂ© mal fortunĂ©e, quand elle fut déçue par Junon la dĂ©esse, sâĂ©tant dĂ©guisĂ©e⊠»
Informations techniques
Notice #001920