Aller au contenu principal
×
Recherche infructueuse

La dernière Cène (version de San Rocco) - Tintoret

Date :
Entre 1579 et 1581
Nature de l'image :
Peinture sur toile
Dimensions (HxL cm) :
538x487 cm
Sujet de l'image :
Lieu de conservation :

Analyse

L'espace dans lequel le Tintoret installe cette Dernière Cène est très original, puisqu'il s'ordonne selon trois niveaux, séparés chacun par des marches d'escalier. Au premier plan, au niveau le plus bas, se tiennent un homme, un chien et une femme. Le chien regarde ce qui se passe plus haut, mais les deux autres personnages n'y prêtent pas attention. Au second plan, le niveau intermédiaire est occupé par la table du banquet où se tiennent le Christ et ses douze disciples. Derrière la table, on distingue, sur la droite, une haute cheminée et des murs lambrissés. Le carrelage en damier et la table toute en longueur produisent un effet de profondeur très théâtral. Le troisième plan enfin, et la partie la plus haute de la maison, est occupé à gauche par un vestibule avec une porte donnant sur l'extérieur, et au centre par une cuisine, sur le mur de fond duquel se tient un grand dressoir à vaisselle. Entre la cuisine et la cheminée en contrebas, la distribution de l'espace n'est pas claire : il y a apparemment une ouverture vers l'extérieur, d'où provient la lumière qui éclaire la pièce.

Il y avait deux façons de représenter l'événement de la Cène, soit l'annonce de la trahison de Judas, soit la célébration de l'eucharistie. Le Tintoret s'efforce d'en faire la synthèse. Sur la droite et au devant, les apôtres, surpris et inquiets, se regardent et discutent : qui donc d'entre eux sera celui qui trahira Jésus ?

Mais à l'autre bout de la table, au fond, le Christ vivement auréolé de lumière (cette auréole vive se différencie nettement du léger tracé translucide de celles des apôtres) est déjà occupé à tout autre chose. Il donne à manger à un vieillard qui s’incline, peut-être Pierre. Ainsi le peintre joue sur deux moments successifs de ce dernier repas, l’annonce de la trahison et la communion des apôtres, qu’il représente chacun à un des bouts de la table.

Qui est Judas ? Ce ne peut être l'apôtre qui se lève au fond, au centre de la table, et se désigne de la main, en regardant Jésus, car ce personnage est auréolé, alors que Judas est toujours dépourvu d'auréole. Judas pourrait être le jeune homme en blanc et noir de dos, placé à droite du Christ et le regardant timidement. Sous la ceinture, sa tunique fait un renflement qui pourrait dissimuler la bourse aux trente deniers…

Le premier plan, qui pourrait sembler décoratif à première vue, est d’une grande importance : un mendiant, à moitié nu, et une pauvre femme sont assis sur les marches. Derrière le mendiant, un pain rond du banquet a été déposé, il se retourne pour le prendre. Derrière la femme, une cruche et un bol ont été également placés pour qu'elle se retourne et boive. Ainsi sont figurées les deux espèces de la communion, par le pain et par le vin. La communion n'est pas réservée aux seuls apôtres, mais s'adresse d'abord aux pauvres et aux exclus, au devant de la scène, dans l'espace qui est aussi celui des spectateurs devant le tableau.

Le chien, au centre, fait le lien entre la scène de genre allégorique du premier plan et la scène d'histoire du second plan.

Sources textuelles :

Informations techniques

Notice #019694

Image HD

Traitement de l'image :
Image web