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Recherche infructueuse

La dernière Cène (version de San Simeone Grande) - atelier du Tintoret

Attribution incertaine
Date :
Entre 1548 et 1553
Nature de l'image :
Peinture sur toile
Dimensions (HxL cm) :
285x415 cm
Sujet de l'image :

Analyse

Ici encore, la toile représente la Cène comme annonce de la trahison à venir de Judas, mais la composition ne suit pas le schéma traditionnel. Autour d’une table rectangulaire, le Christ, placé devant l'agneau pascal, est décalé vers la gauche avec seulement trois apôtres à gauche, contre neuf à droite (on n'en voit distinctement que huit). A gauche du Christ, comme presque toujours, Jean est penché sur la table, tandis que Pierre, de l’autre côté, écoute attentivement.

Ce mouvement de Jean renvoie au récit de l'évangile de Jean, après que Jésus a révélé que l'un des apôtres le livrerait :

Celui-ci, se penchant alors vers la poitrine de Jésus, lui dit : « Seigneur, qui est-ce  ?  » Jésus répond : « C'est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper. » Trempant alors la bouchée, il la prend et la donne à Judas, fils de Simon Iscariote. (Jean, XIII, 25-26)

La toile saisit le moment de la réponse de Jésus, mais avant le geste qui désignera Judas. L’annonce  de la trahison déclenche la stupéfaction qui se traduit par divers mouvements et mimiques, surtout à droite : plusieurs des convives s'interrogent s'ils seront désignés par Jésus. Au centre de la toile, Judas, vêtu de jaune, tenant la bourse aux trente deniers derrière lui, esquisse un mouvement de recul. Comme sur le tableau de l'église Saint-François-Xavier, il est représenté de dos, esquissant trop tard le mouvement de s’enfuir, alors que son voisin vêtu de rouge, à gauche, sans se douter de rien, se penche vers lui pour lui parler. Au premier plan à droite, un chien, symbole de fidélité, regarde la bourse cachée : Judas est coincé entre la parole du Christ à gauche et le regard du chien à droite.

La table mise en diagonale, agrandit l’espace vers la droite et vers le fond. il n'est pas clair si la scène est éclairée par le lustre au-dessus de la table, ou par l'auréole du Christ. Eclairant violemment la nappe blanche de la table, elle produit un effet de clair-obscur qui laisse le fond et les côtés de la pièce dans l’obscurité. Au fond à droite, un serviteur en turban, venant de l’extérieur entre avec une torche ; sur le même côté, mais au premier plan, une servante apporte une amphore de vin ; à gauche deux personnages sont plus énigmatiques : une femme au fond, trop richement habillée pour une servante, porte un plat à couvercle, et un homme en surplis blanc, complètement à gauche, pourrait être par sa position le maître d'hôtel du banquet, mais par son costume il ressemble plutôt à un ecclésiastique contemporain du peintre. C'est le commanditaire de la toile, Stefano de Fermi, le prêtre de la paroisse de Saint Siméon de 1548 à 1566.

On trouve dans cette représentation une grande simplicité et un réalisme certain, tant au niveau du décor que de la relation entre les personnages, les contrastes de  la lumière  et les rouges éclatants lui donnent aussi  une grande force expressive. Nous sommes loin des mises en scène agitées, à venir.

Annotations :

2. Placée originellement au-dessus du banco de la Scuola del Santissimo. Se trouve actuellement dans la nef latérale gauche de l'église. La peinture, très abîmée, a fait l'objet d'une restauration.

La datation de cette toile a été discutée. L'ancienne datation des années 1560 contredit le fait qu'en 1553 l'existence du banco de la Scuola est déjà attestée : il sera déplacé en 1571. 1571 est une date trop tardive pour la commande de ce tableau. Il est plus probable qu'il fut commandé par Stefano de Fermi à l'occasion de sa nomination à la tête de la paroisse en 1548.

Sources textuelles :

Informations techniques

Notice #019716

Image HD

Traitement de l'image :
Image optimisée par Esrgan