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Recherche infructueuse

N'importe laquelle (Rétif, Les Contemporaines, vol. 1, 1780) - Binet

Date :
1780
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
SMITH LESOUEF R-1601
Légende

Analyse

Sujet de l’estampe de la Troisième Nouvelle : Dans l’estampe, on voit deux sœurs, dont la plus jeune occupe le milieu. Elle a pris sur elle de proposer un changement dans un double mariage déjà arrangé. C’est l’instant saisi par le dessinateur. L’homme que refuse l’aînée par la bouche de sa cadette, et pour lequel celle-ci a du goût, est si charmé de l’esprit et de la beauté de la jeune personne qu’il répond enfin,
« N’importe laquelle ».

L’estampe présente le dénouement final de la nouvelle « N’importe laquelle » : l’échange des couples dans un double mariage. Au début de la nouvelle, M. de Raucour, riche voisin de deux sœurs charmantes, doit épouser l’aînée nommée Berthe. Mais très vite, à la vue de Gisèle, la sœur de sa future épouse, il déclare sa neutralité : « Si l’on ne préférait pas l’aînée, on adorerait la cadette. N’importe laquelle. » (p. 126) Tout au long du récit, M. de Raucour ne cesse d’affirmer que « n’importe laquelle » des deux sœurs lui plaira comme épouse. Il n’hésite pas à proposer à son ami M. de Vannes d’épouser la cadette, ce qui est accepté par la mère. Berthe avoue la première à sa mère qu’elle n’aime pas M. de Raucour, qui lui était promis, et c’est finalement sa sœur, Gisèle, qui se décide à arranger un échange.
Au premier plan de la gravure à droite, l’aînée des deux sœurs, Berthe, est saisie au bras par M. de Vannes qui, placé derrière elle, s'apprête à la retourner vers lui : il deviendra son promis après l’échange. Sur le même plan que M. de Vannes, Gisèle, au centre de la gravure, prend par la main M. de Raucour, encore tourné vers Berthe qu'il ne désire plus.
L'ancien couple (Berthe et M. de Raucour) est ainsi séparé au moment de s'unir ; le double mouvement vers le centre pour sceller les fiançailles est arrêté et retourné.
Tout à gauche, la mère des deux jeunes femmes assise observe cette union qui finalement ne se fera pas. Il faut remarquer la longueur inégale des robes des deux sœurs. La robe de Berthe est plus longue, plus habillée, plus exposée à l'apparat des fiançailles. La robe de Gisèle, plus courte, paraît plus enfantine : c'est encore une robe de jeune fille. Au début du récit, Rétif écrit que « la Première était ravissante ; la Seconde était une mignature. » Gisèle, instigatrice de la demande d’échange, a la tête tournée en direction de M. de Raucour, à gauche, qui propose l’échange à M. de Vannes.
Un jeu de regards s’opère. Les deux hommes regardent leurs anciennes promises, et c’est Gisèle qui produit l’échange en regardant son futur nouveau promis, M. de Raucour à gauche. Berthe baisse pudiquement les yeux : c'est elle qui est moralement la plus exposée au terme de l'échange. La mère, assise à gauche et en retrait, observe la scène devant la fenêtre et, au coin, un vase fleuri en arrière-plan. Elle est ainsi placée en position tout à la fois d'extériorité et d’autorité, pour valider un échange qui se fait de fait sans elle. La gravure consacre ainsi la superposition de deux ordres symboliques, l'ordre parental au premier plan, de pure façade, et l'ordre de la fiction, porté par Gisèle, de derrière mais au centre, qui est l'ordre efficient.
L'image peut également se lire, de droite à gauche, selon trois temps successifs dont la partie supérieure de la gravure figure le sens : à droite, le discret lien que forment Berthe et M. de Vannes est symbolisé par le bouquet serré par un lien, peint ou sculpté sur le lambris ; au centre, l'amour qui éclate entre Gisèle et M. de Raucour est figuré par un putto peint au dessus de la glace qui orne le mur ; à gauche, l'assentiment maternel est symbolisé par le vase.

Annotations :

1. La gravure n'est pas signée.
Légende sous la gravure : « N'importe laquelle. »

Sources textuelles :
Rétif de la Bretonne, Les Contemporaines (1780-1782)

Informations techniques

Notice #020029

Image HD

Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Bibliothèque numérique Gallica, Bibliothèque nationale de France (https://gallica.bnf.fr)